Depuis quelques jours, on observe beaucoup d’effervescence au niveau des structures des hommes des médias notamment la Maison de la presse, le Consortium des Journalistes pour la Sécurité Nationale (CJSN), l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Éthique et la Déontologie (ONIMED) et le Reseau des Journalistes contre la Radicalisation (RJR). En cause, la mise de Samira Sabou sous mandat de dépôt par le doyen des juges à cause d’une plainte pour diffamation dans un sujet aussi sérieux que celui de l’audit du Ministère de la Défense Nationale.
Au regard de la peine encourue selon les dispositions de la loi, ces organisations sérieuses et professionnelles de la confrérie des journalistes auront sagement privilégié le dialogue en sollicitant la clémence du plaignant pour leur consœur dont ils condamnent, sans le dire, la légèreté et le manque d’éthique et de déontologie. Le RJR invite ainsi Samira Sabou à « faire preuve de sagesse et de s’inscrire dans cette dynamique de pardon ».
Le CJSN, reconnaissant le « réflexe de bon citoyen » du plaignant, est beaucoup plus manichéen car il « appelle madame Samira Sabou à s’ouvrir à cette voie de conciliation à l’amiable en présentant ses excuses à M. SANI MAHAMADOU (comme elle a eu à le faire face à la Cour Constitutionnelle) » car il estime qu’ « en prenant trop de liberté dans le travail, notamment en diffusant des informations pour lesquelles ils ne peuvent apporter des preuves, les journalistes s’exposent à des poursuites judiciaires avec à terme, la décrédibilisation de leur noble profession ».
Samira aurait pourtant dû retenir la leçon lorsque de sa plume elle élimina une Présidente de la Cour Constitutionnelle pourtant pleine de santé. Samira ne dut son salut qu’à la rédaction d’un démentit formelle assorti d’une demande de pardon et à la mansuétude de la Présidente. Les mêmes causes dit-on, produisent les mêmes effets. Le plaidoyer de la Maison de la presse doit se comprendre dans ce sens.
Dans le fond, en portant plainte contre dame Samira Sabou, le Directeur de Cabinet Adjoint aura donc rendu un service énorme aux hommes et femmes des médias de notre pays. Il aura donné aux organisations de cette profession l’occasion de poser le débat sur la loi régissant la cybercriminalité et d’encourager leurs confrères à plus de rigueur dans les tests de vérification de l’information et l’exploitation de sources crédibles. Le RJR condamne ainsi la « légèreté dont font preuve certains journalistes […] ce qui porte atteinte à l’honneur et à la crédibilité de la profession. »
Pour les autres citoyens, nous estimons que cette affaire aura, à minima, des vertus pédagogiques au sens où, désormais, le mensonge, la calomnie, et la diffamation ne seront plus exercés impunément. C’est dans ce cadre que l’ONIMED « invite les journalistes à respecter leur devoir envers le public de donner des informations crédibles et vérifiables « .
Cette injonction de l’ONIMED et cette soif de justice des citoyens dans les sphères publics comme privées, sont confirmés au regard de l’importance qu’a pris cette affaire sur les réseaux sociaux et aux nombreux soutiens et demandes de clémence adressées à SANI MAHAMADOU. La vérité est un droit; réseaux sociaux ou non, elle ne doit jamais devenir l’exception.
Un véritable dialogue sur les droits et devoirs des médias doit dorénavant se mettre en place entre l’État, les organisations de la presse, et celles des citoyens afin que le 4ème pouvoir s’en sorte grandi. Connaitre les limites de chaque partie prenante n’est pas un obstacle mais bien une exigence de la démocratie.
Oumou Gado