Pandémie du coronavirus au Niger : La population se soucie-t-elle du pire qui s’annonce? 

Le Niger est le pays de tous les excès et cela ne dérange que peu ou prou la majeure partie de sa population. Nous chantons sur tous les toits que nous sommes à 99% des musulmans et nous en sommes fiers. C’est là une belle et bonne chose si dans nos pratiques quotidiennes, notre discipline reste remarquable par rapport aux lois et commandements inscrits dans le Saint Coran. Le rapport du croyant avec les autorités participe de ces lois et de ces commandements. D’où, cette demande qui lui est adressée de respecter les autorités de son pays et toutes les décisions de celles-ci.

Malheureusement, à l’épreuve des faits, le constat est tout à fait amer. Le nigérien, intrinsèquement musulman qu’il est, n’hésite pas, pourtant, à faire monter les prix des produits de consommation courante pendant les mois de jeûne et à l’approche des fêtes, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes.

Maintenant que nous sommes en période d’un malheur mondial, la pandémie du coronavirus, il renchérit les masques, le gel désinfectant et tout autre produit qui entre dans la prévention de cette maladie. C’est là, un véritable cynisme de la part de celui qui  réclame à cor et à cri sa croyance en l’unique Dieu.

C’est ce même  cynisme qui le pousse souvent à poser bien d’autres actes qu’on peut peindre d’aveugles. L’on se rappelle comment il a été capable de mettre le feu à la Capitale de son pays et autres villes de l’intérieur juste parce que son dirigeant de l’heure, le Président de la République, a participé à une rencontre qui a mobilisé plein d’autres dirigeants de ce monde afin de soutenir la liberté d’expression après que des journalistes de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo aient été tués au cours d’une fusillade terroriste. Suite à ces évènements, de tous les pays du monde, c’est le Niger seulement qui a enregistré des morts, 16 au total, selon certaines sources, et beaucoup de biens matériels partis en fumée.

Maintenant que nous soyons en plein dans le malheur que nous impose la pandémie du coronavirus, maladie qui frappe le monde entier avec comme corolaire des milliers de morts, des frontières fermées, des populations confinées et des pays entièrement isolés, certains nigériens n’ont pas hésité à braver, le 15 mars 2020, l’interdiction de rassemblements de plus de 1000 personnes, interdiction décidée, pourtant, en Conseil des Ministres deux jours plutôt.

Ils ont, en effet, appelé à manifester au nom d’un soutien pas trop clair à nos Forces de Défense et de Sécurité. Bilan : 3 morts, des blessés en nombre indéterminé et des dégâts matériels importants. Un véritable tour de force et d’excès qui a eu pour autre conséquence l’arrestation de 15 personnes issues du rang des organisateurs.

Entre autres décisions de nos autorités prises en Conseil des Ministres, est celle-là qui concerne la fermeture des lieux de cultes mais qui peine à se faire respecter par les nigériens. Partout dans le monde, pourtant, une telle décision est respectée sauf ici chez nous par certains de nos compatriotes.

Beaucoup de mosquées, en effet, au Niger continuent d’être fréquentées par les fidèles musulmans aux heures des prières avec tous les risques de contamination au coronavirus que cela comporte. Quand les autorités ont voulu faire respecter cette décision de fermeture des lieux de cultes, de violentes manifestations ont, bien entendu, été organisées par les populations comme ce fut le cas à Mirriah le lundi 23 mars 2020. A cette occasion, des domiciles de certains notables de la ville et des services de l’administration publique ont été mis à l’épreuve du feu.

Pourtant, ailleurs sous d’autres cieux, les deux grandes et saintes mosquées de la Mecque et de Médine ont été fermées à cause de cette pandémie du coronavirus, sans oublier toutes les autres qui se trouvent dans des pays… musulmans ! Question, pourquoi pas au Niger ?

Il y a beaucoup de messages provenant des nigériens vivant à l’étranger qui circulent dans les réseaux sociaux et qui parlent du respect des décisions de confinement prises par les autorités des pays où ils habitent. Ils nous envoient des messages afin de nous encourager à faire comme eux parce que le coronavirus est un danger qui se propage et qui ne pardonne pas quand il nous atteint.

Partout où se trouvent les nigériens, ils sont félicités pour leur comportement plein de dignité et de respect vis-à-vis des lois du pays d’accueil, même dans le cadre du confinement que la situation actuelle exige.

Pourquoi c’est ici au pays que ça coince ? Pourtant, c’est en restant chez nous que nous pouvons protéger notre vie et celle des autres. Ecoutons nos autorités et respectons les mesures de prévention qu’ils nous enseignent.

Si la Chine et les pays de l’Occident sont très développés sur le plan sanitaire sans que cela n’empêche que le coronavirus fasse chez eux des ravages, qu’en est-il du Niger qui ne soigne ses populations que grâce aux émoluments de leur aide ?

Il y a de quoi s’inquiéter à l’allure où vont les choses, ici, chez nous. Cela s’entend, notre entêtement à ne vouloir obéir à personne qu’à ce que véhicule la rumeur et ce que nous enseignent des personnes moins bien indiquées pour sauver nos vies risque de nous conduire à sombrer dans l’irréparable.

Bassirou Baki Edir