La radiation du Général de Brigade Mahamadou Mounkaila des rangs de l’armée nigérienne continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Au moment où le pays fait face à des défis sécuritaires sans précédent, nombreux sont ceux qui se demandent quelle faute grave a-t-il commise pour subir une telle sanction ?
Selon des sources dignes de foi, cet ancien élève du Prytanée Militaire de Saint Louis du Sénégal et de l’Ecole des Officiers de Saint-Cyr de France aurait, à son compte, un chapelet de manquements dans l’exercice de ses fonctions de chef militaire. Les derniers en date remonteraient aux heures où il occupait le poste de Com-zone au sein de la Force Multinationale Mixte (FMM) des pays de la CBLT (Commission du Bassin du Lac Tchad) avec comme terrain d’opération, la Région de Diffa. A ce titre, il était devenu membre d’office du Conseil de Sécurité sur le plan régional à Diffa où Boko Haram constitue une grave menace.
Malheureusement, depuis qu’il ait rejoint son poste au niveau de la compagnie militaire où il a établi ses quartiers, il serait resté comme cloitré sans jamais mettre pied dehors. Il ne sortait jamais pour s’enquérir de la situation de ses hommes sur le théâtre des opérations contre la nébuleuse Boko Haram. Pourtant, cela entrait dans le cadre de ses attributions de Commandant de Zone au sein de la FMM. De telles visites sur le terrain, si elles sont conduites régulièrement, pourraient, certainement, remonter le moral des soldats dont il est censé commander.
Pire encore, notre Général de Brigade, n’aurait jamais daigné participer à la moindre réunion du Conseil de Sécurité régulièrement convoquée par le Gouverneur de la Région de Diffa. Il se faisait toujours représenter par un de ses subordonnés. Cela n’a pas manqué d’irriter le Gouverneur qui, en dernier ressort, a fini par ne plus accepter la participation de cadres subalternes auxdites réunions vue les défis sécuritaires qu’il faut relever. Alors, en toute responsabilité, il renvoyait tous ceux qui se présentaient aux réunions en tant que ses représentants.
En outre, tous les rapports que le Général de Brigade Mahamadou Mounkaila envoyait à la hiérarchie militaire sont l’œuvre de ses hommes affectés sur le terrain. Au cours de son séjour en tant Com-zone au sein de la FMM, les positions militaires sous son commandement ont été, régulièrement, la cible des attaques des éléments de la secte Boko Haram avec de nombreuses pertes en vies humaines. Après son départ, ces attaques auraient fortement baissé grâce aux mesures énergiques prises par son remplaçant.
Elles ont été réduites à des actions isolées de kamikazes et des prises d’otages de petites envergures. Il faut, aussi, souligner que c’est seulement sous la contrainte de la dernière visite effectuée dans les casernes militaires de la Région de Diffa par le Chef d’Etat Major, le Général de Corps d’Armée Ahmed Mohamed, que Mahamadou Mounkaila aurait découvert pour la première fois les hommes qu’il commande et les différentes positions occupées par la FMM.
D’après toujours nos sources, ce n’est pas seulement à l’occasion de son passage comme commandant de la zone de Diffa au titre de la FMM qu’il aurait commis de graves manquements à la discipline militaire. Il aurait l’habitude d’en commettre ailleurs, sous d’autres cieux et à divers titres. Certainement, la goute d’eau qui a fait déborder le vase serait bel et bien les maladresses par lui commises alors qu’il était en poste à Diffa. Maladresses qui ont conduit au déclenchement du processus qui a conduit à sa mise en retraite d’office et à sa radiation pure et simple des rangs de l’armée.
En tant que Général de Brigade, un collège de généraux aurait été mis en place, apprend-on, aux fins de servir de conseil de discipline pour examiner son cas. Evidemment, c’aurait été que le Général Mahamadou Mounkaila ait été traduit devant un conseil de discipline composé uniquement par des officiers de grade inférieur, cela aurait permis des supputations tendancieuses.
Ce qu’il faut préciser, une fois la décision de radiation prise par ce conseil de discipline composé de généraux, elle a, toute logique respectée, été soumise au Président de la République. Celui-ci n’a fait que signer le Décret que tout le monde sait, en tant que Chef Suprême des Armées. La sanction disciplinaire prise à l’encontre de Mahamadou Mounkaila doit être considérée sous l’angle unique de ce qui précède. D’après nos sources, toute considération portant sur son cas qui ne tient pas compte des éléments si hauts décrits, n’est que de la spéculation stérile sur une affaire purement militaire.
Bassirou Baki Edir