Des armes de guerre viennent d’être saisies à Aguié par nos FDS sur trois individus circulant à Moto le Mercredi 23 Janvier 2019. Aguié est l’un des Départements de Maradi qui sont à la frontière avec le Nigéria. Les trois individus venaient d’Agadez pour rallier notre grand voisin du Sud quand ils furent appréhendés. Six armes de guerre dont 4 Kalachnikov et 2 FAL ont été découvertes cachées sous les coussins des motos qu’ils conduisaient. Les fouilles ont aussi permis à nos FDS de déceler 3 caisses de munition sur les malfrats.
Cela constitue une prise importante qui renforce la thèse d’un trafic illicite d’armes de guerre à travers le Sahara notamment depuis la Libye en direction de nos pays. Depuis la chute de Kadhafi, la Libye est devenue un Etat de non droit où de nombreux groupes terroristes font la loi.
L’on se rappelle qu’en 2011, une guerre civile née de ce qu’en Occident est appelé le ‘’Printemps Arabe’’ a éclaté dans cette partie du Sahara. En effet, ce qui n’était qu’une simple contestation populaire contre les ‘’exactions’’ du régime de Kadhafi s’est vite transformée en une guerre civile atroce. Un des tournants de cette guerre a été, incontestablement, la chute et l’assassinat du dirigeant libyen.
Son paroxysme a, surtout, été atteint avec l’implication disproportionnée des pays de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) qui, aux fins de protéger la population civile, ont organisé jusqu’à 22000 sorties aériennes avec comme objectif bombarder et écraser l’armée libyenne.
Kadhafi mort, l’Etat libyen a littéralement disparu laissant le champ libre à toutes sortes de bandits et de grosses quantités d’armes à leur portée. Ce qui a conduit, évidemment, à un énorme trafic d’armes qui va alimenter la guerre dans nos Etats.
Il s’ensuit que tous les terroristes et autres bandits armés qui écument l’espace sahélo-saharien, se ravitaillent en arme généralement en Libye avec une facilité déconcertante. Et c’est aussi une des conséquences logiques à ce trafic, cette arrivée massive au Mali avec armes et bagages des rebelles du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et des djihadistes du MUJAO (Mouvement Uni pour le Jihad en Afrique de l’Ouest). Ces derniers ont fait éclater une guerre qui a conduit à la partition du pays et faire connaître les pires atrocités à sa population.
Le conflit s’est très vite métastasé à travers des pays comme le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire qui, évidemment, vont connaitre des attaques sporadiques des terroristes en tout genre. C’est aussi la conséquence de ce trafic illicite d’armes qui a permis la montée en puissance de la secte Boko Haram au Nigéria. Il n’est pas besoin de rappeler toute la violence que commet cette dernière, les milliers de morts qu’elle a entrainés dans ce pays et comment elle s’est exportée au Niger, au Tchad et au Cameroun.
Seulement endiguée autour du Lac Tchad et l’extrême Nord-est du Nigéria, est-ce encore elle qui est en gestation dans le Nord central du pays à la frontière avec le Niger dans les Etats du Katsina, de Sokoto et de Zanfara ?
Un fait nouveau dans ces Etats sus cités qui, jusqu’à une date récente, étaient à l’abri des exactions de Boko Haram, est la prise d’otages et les meurtres à grandes échelles des populations civiles.
En effet, depuis quelques temps, des groupes armés ont choisi comme repère cette zone frontalière entre le Niger et le Nigéria. Et, pas plus tard que le 1er Janvier 2019, cinq de nos militaires ont été tués lors d’un accrochage avec ces derniers et cinq autres ont été blessés au Sud du Département de Madarounfa dans la région de Maradi qui fait justement frontière avec le Nigéria.
Les prises d’otages et autres exactions étant devenues monnaie courante dans le secteur, l’on apprend que les riches commerçants nigérians qui traitent leurs affaires dans l’Etat du Katsina du côté de Jibia, passent leurs nuits au Niger à Maradi ou à Dan Issa pour plus de sécurité.
C’est donc sans surprise qu’on apprenne qu’une saisie d’armes a été opérée dans la région de Maradi. Le trafic étant destiné à alimenter le banditisme naissant au Nord du Nigéria non loin de la ville considérée comme un poumon économique de notre pays.
Bassirou Baki Edir
photo DR