Le Dimanche 13 Mai dernier, notre pays vient de célébrer la 27ème édition de la journée nationale de la femme nigérienne avec comme thème ‘’L’autonomisation de la femme rurale’’. Pour inverser la tendance à propos de la condition féminine, l’engagement des femmes elles-mêmes s’avère nécessaire. Parmi les femmes battantes du Niger, nous brossons ici le portrait de Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI présidente de l’Organisation des femmes Tarayya (OFT) et Vice-présidente de l’Internationale socialiste des femmes.
Teint noir, regard espiègle, née le 9 Novembre 1958, Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI est une femme combattante. Madame O G, comme la surnomment ses camarades, a un parcours et un cursus assez attachants. Ancienne élève de l’école mission, très jeune, elle a connu l’adversité. Ses camarades garçons souffraient mal de la voir parmi les premiers de la classe, comme s’il était inscrit quelque part qu’une fille ne pourrait pas se classer devant les garçons…à l’école. Battue et maltraitée par ces petits garçons de camarades jaloux et envieux, Hadizatou a pris conscience des grands défis pour la femme dès cet âge. ‘’Je dirais que mon engagement politique relève de cet épisode-là où souvent après l’annonce des résultats des compositions mes enseignants sont tenus de me protéger contre mes camarades garçons qui acceptent mal de se voir battre par une fille’’, nous a-t-elle confié. Très précoce, son sens de leadership lui a permis de prendre ces mauvaises attitudes de ses camarades de classe comme une tare de notre société, une discrimination et une injustice à l’égard de la petite fille en particulier et de la femme en général. C’est pourquoi, imbue de son expérience nationale et internationale, pour elle, l’école constitue le secret pour sortir la femme nigérienne de l’ornière. ‘’Le président Issoufou l’a toujours dit que c’est par l’éducation que nous allons avoir l’équité. La porte d’entrée de l’égalité homme/femme c’est à travers la scolarisation de la jeune fille’’, soutient-elle. Très à l’aise dans les débats, la force des arguments est un trait de caractère, un gage d’une formation idéologique et la rigueur dans les principes chez la présidente des « roses ». La Directrice de Cabinet adjointe (DIRCABA) du président de la République est citée comme un modèle de femme leader par les jeunes femmes du PNDS-Tarayya tant son engagement pour la femme dépasse les frontières nationales.
Un engagement international pour la cause féminine…
Présidente Nationale de l’Organisation des Femmes Tarayya (OFT), Vice-Présidente de l’Internationale Socialiste des Femmes, Vice-Présidente du Forum des Femmes Africaines Post2015, membre du Comité Exécutif de l’Aile des Femmes du Conseil des Partis Politiques Africains, ce sont des titres qui illustrent bien la vision et l’engagement de celle qui a pris conscience de la nécessité pour la femme de se battre et de s’affirmer depuis l’école primaire.
A l’occasion du 8 Mars dernier, dans une tribune libre elle écrivait : « Le retard des femmes sur tous les plans est profond. Même quand on reconnaît le bien fondé et la nécessité, ce n’est pas demain que l’égalité va être consacrée. Car, tant qu’il y a encore des femmes qui courbent l’échine sous le poids des tâches domestiques, tant qu’il y a encore des filles qui ne sont pas scolarisées, le fossé va continuer à se creuser ». Et d’ajouter : « Aussi, comme l’a dit Son Excellence Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger : « …. s’il y a un domaine où l’égalité des chances est possible, s’il y a un domaine où une fille vaut un garçon et peut donc rendre les mêmes services à sa famille et à la société, c’est bien le domaine de la connaissance ». Car, avec la connaissance, nous pouvons valablement lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, lutter contre les mariages et les grossesses précoces, lutter contre toutes les discriminations faites aux femmes et aux filles, un agenda de l’Internationale Socialiste des Femmes ».
Parlant des droits de la femme, Hadizatou aimerait bien faire la genèse du mouvement à l’échelle internationale : « En effet c’est en 1910 lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, que Clara Zetkin proposa une journée internationale de la femme, idée qui fut renforcée le 23 février 1917 lors d’une manifestation d’ouvrières en Russie. Toutefois, il y a lieu de noter que le mouvement dirigé par Clara Zetkin, journaliste de l’Allemagne, a démarré en 1907 lorsque 58 femmes déléguées venues des pays d’Europe et d’Outre-Mer se rencontrèrent pour la première conférence des femmes socialistes et décident d’établir un secrétariat international sous la direction de Clara Zetkin, qui marqua la création de l’Internationale Socialiste des Femmes. Cette première conférence adopta une résolution sur le droit de vote des femmes, résolution qui devint le point de départ de luttes inlassables pour les droits politiques des femmes.
Le mois de mars des années qui suivirent la proposition de Clara Zetkin fut marqué par diverses manifestations dans différents pays du monde pour réclamer, d’abord le droit de vote pour les femmes, ensuite les droits politiques et la fin de toute discrimination à l’égard des femmes. Dans les années 70, le mouvement féministe s’empare de cette date symbolique du 8 mars. Ce n’est qu’en 1975 que l’Assemblée Générale des Nations Unies proclamât l’année internationale de la femme et la Décennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985). Et, en 1977, l’Assemblée Générale des Nations Unies demanda à tous les pays de la planète de s’efforcer de créer les conditions favorables à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et à leur pleine participation sur un pied d’égalité, au développement social (résolution 32/142) », renseigne Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI.
Selon la Vice-présidente de l’Internationale socialiste des femmes, la lutte engagée par les femmes socialistes est reconnue et devenue désormais celle des femmes du monde. L’ONU a célébré le 8 mars, la journée internationale de la femme pour la première fois en 1975. Ainsi, cette journée est devenue une reconnaissance du monde entier pour l’équité, l’égalité, la paix internationale et le développement durable.
Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI fait de la scolarisation de la fille un credo pour l’émancipation et l’autonomie de celle-ci :« nous nous inscrivons pour la scolarisation et le maintien des filles à l’école, pour l’éducation et l’autonomisation des femmes. Car, c’est ensemble, femmes rurales et femmes citadines, que nous pourrons transformer le monde ! », a-t-elle martelé.
Un parcours et un cursus professionnel florissants
A lire, le profil de la DIRCABA, l’on comprend aisément le choix de Madame O G par le président Issoufou au sein de son cabinet. Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI est titulaire d’une Maîtrise en Administration des Affaires (MBA) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), une Maîtrise en Gestion de Projets (MGP) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), un Diplôme d’Administration du Personnel de l’Institut International d’Administration Publique (IIAP) Paris, un Diplôme du Niveau Supérieur en Administration de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Niamey, un Certificat de formation en gestion, planification, analyse et suivi des projets, un Certificat de formation sur la Gestion axée sur les Résultats (GAR) de l’Agence de Coopération et de Développement International (ACDI) – Ottawa – Canada, un Certificat de participation au Programme Intégré de Management pour Cadres Etrangers (PIMCE) de l’Ecole Nationale d’Administration Publique (ENAP) de Québec-Canada…
Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI, c’est aussi un parcours de plus de trente (30) années d’expériences variées dans l’administration publique nigérienne, les organismes de coopération bilatérale et non gouvernementale.
Elle est présentement Directrice de cabinet adjointe du Président de la République du Niger de septembre 2013 à ce jour. En d’autres termes, avec le Directeur de Cabinet et les Conseillers de la Présidence, elle participe aux orientations stratégiques et accompagne le président de la République dans la mise en œuvre de son programme. Plus spécifiquement chargé de la coordination du volet Gouvernance, Développement Rural et Genre. Elle est Co-coordonnatrice de l’élaboration du Programme de Renaissance. « Mon travail consiste au suivi et la mise en œuvre du programme du président. Au cabinet, il y a également le courrier à suivre ou à répondre, des analyses à faire, le président donne des instructions à exécuter ou à suivre la mise œuvre », telle est la substance de la mission de la DIRCABA. Une femme d’ expérience, un modèle pour le combat pour une véritable émancipation de la femme.
Elh. Mahamadou Souleymane
Quelques étapes du parcours de Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI
Elle fut Directrice des Affaires Administratives et Financières (DAAF) de 1989 à 1991, dans différents ministères de la Fonction Publique Nigérienne (Hydraulique, Ressources animales, Développement Social et Promotion de la Femme) ; dans des organismes parapublics : Laboratoire Central de l’Elevage (LABOCEL) à Niamey de 1987-1989, Conseil Nigérien des Utilisateurs de Transport (CNUT) avec résidence à Cotonou (Bénin) de 1985-1987, Office des Eaux du Sous-Sol (OFEDES) à Niamey de 1981 -1985.
Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI fut représentante régionale et Directrice de programmes pour la Région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, République Démocratique du Congo) à ICCO – Hollande Organisation inter-églises de Coopération au développement, pendant 2 ans, de janvier 2010 à décembre 2011 ; en charge du développement et de la coordination de programmes axés sur la transformation des conflits, la démocratisation, la lutte contre les violences basées sur le genre, la sécurité alimentaire, les filières agricoles et l’accès aux marchés, ainsi que le renforcement des capacités des ONG locales. Elle participait au développement des orientations stratégiques auprès du Conseil Régional pour l’Afrique de l’Est et du Centre (8 pays).
Hadizatou Yacouba Ousseini a été gestionnaire des partenariats et de la mobilisation des ressources au bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre basé à Ouagadougou, à l’Organisation Néerlandaise de Développement -SNV- de mars 2009 à décembre 2009, après avoir servi comme Directrice Nationale SNV-Burkina Faso, de mai 2006 à fin février 2009. Pendant cette dernière période, elle a assuré le développement et la mise en œuvre du programme pays, en référence au Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), orienté sur : 1) l’amélioration de l’accès et la qualité des services de base (éducation et santé) et 2) l’amélioration de la production, l’emploi et les revenus pour les plus pauvres (à travers l’appui aux filières coton, karité, mangues et anacarde), le tout avec une grande attention sur la redevabilité et la reddition des comptes, l’acquisition de plus de pouvoir et d’inclusion des plus pauvres et des populations marginalisées.
Directrice de Programmes à SNV-Niger et coordinatrice de la thématique Genre au niveau régional, de juin 2004 à avril 2006, Hadizatou a assuré, avec son équipe, le développement des partenariats pour la mobilisation des ressources et la coordination de programmes axés sur : la gouvernance locale, la gestion des ressources naturelles, le genre (notamment le leadership féminin, le droit des femmes et le mainstreaming), le développement économique y compris la micro finance, le renforcement des radios communautaires et l’appui pour une société civile plus organisée et plus forte.
Coordonnatrice du Projet d’Appui à l’Entreprenariat Féminin (PRAEF) de 1995 à 1996, et du Projet d’Appui au Ministère des Affaires Sociales et de la Promotion de la Femme (PAMAS) de 1994 à 1995 au compte de Développement International Desjardins (DID), une institution non gouvernementale canadienne, Hadizatou Yacouba Ousseini a contribué au renforcement des capacités des associations & groupements féminins dans le domaine des principes mutualistes, de l’épargne, du crédit, du développement organisationnel de base et de gestion, à l’appui aux activités génératrices de revenus ainsi que celles du Ministère pour mieux accompagner, animer et former les associations et groupements féminins et pour l’élaboration de la politique nationale de la promotion de femme et son plan d’actions.
Hadizatou fut Conseillère au Programme chargée du volet entrepreneuriat, secteur privé et lutte contre la pauvreté et coordonnatrice des coûts locaux à l’Unité d’Appui au Programme (UAP) de la Coopération Canadienne au Niger de 1998 à juin 2004 et Administrateur à UAP- Bureau de l’Ambassade du Canada de 1997 à 1998 pour assurer le contrôle interne des coûts locaux, l’analyse financière et le suivi des projets dans le domaine économique (Secteur privé, entreprenariat féminin, micro finance, cadre stratégique de lutte contre la pauvreté), la réorganisation des services et la gestion administrative, financière et logistique du service et l’appui à la planification du programme Pays.