Avec 32 % des suffrages, La République en marche est arrivée largement en tête, dimanche, au premier tour des élections législatives. Le parti d’Emmanuel Macron est en passe d’offrir au gouvernement une majorité absolue avec plus de 400 députés.
Le raz-de-marée annoncé s’est finalement transformé en tsunami. Profitant d’une abstention record, La République en marche (LREM) a obtenu 32,32 % des voix, dimanche 11 juin, lors du premier tour des élections législatives. Ce score place le parti créé par Emmanuel Macron il y a à peine un an en situation d’extrême domination, à une semaine du second tour, et laisse présager une Assemblée nationale composée de 400 à 455 députés LREM et MoDem (parti allié) sur 577.
La République en marche ne laisse que des miettes à ses concurrents. Derrière LREM, l’alliance Les Républicains-UDI obtient 21,56 % des voix (projection de 70 à 130 sièges), le Front national 13,20 % (projection de 1 à 10 sièges), la France insoumise 11 % (projection de 10 à 23 sièges, PCF inclus), et l’alliance Parti socialiste-PRG 9,5 % (projection de 15 à 40 sièges).
Inédite, la recomposition à venir devrait donc largement dépasser le record de 1958, année où 310 nouveaux députés avaient fait leur entrée au palais Bourbon. Mais encore plus révélateur, peut-être, le record de primo-députés devrait être battu par le seul parti LREM. En revanche, si le mouvement macroniste est bien en passe de battre le record de sièges pour un seul parti, il ne devrait pas effacer le record de l’UDF-RPR de 1993 (484 sièges).
Malgré ces excellents résultats et, à l’inverse, des réactions exprimées à la suite du premier tour de la présidentielle, les représentants de LREM ont préféré réagir, dimanche soir, avec humilité. « Ce soir, rien n’est acquis », a pris soin de souligner la présidente par intérim de LREM, Catherine Barbaroux, en soulignant que la « faible participation doit plus que jamais nous inviter à poursuivre nos efforts pour renforcer l’engagement citoyen, qui est au cœur du projet de La République en marche et même à l’origine de sa construction ».
« Rien n’est joué, une élection se fait en deux tours. Il faut rester mobilisés », a également déclaré, sur TF1, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, candidat LREM dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Quasi sans-faute pour les membres du gouvernement
Sans surprise, les membres du gouvernement également candidats aux législatives sont presque tous arrivés en tête au premier tour. Christophe Castaner a obtenu 44 % des suffrages dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est en tête dans la première circonscription de l’Eure avec 45 % des voix, tandis que le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand (34 %) dans la 6e circonscription du Finistère, la ministre aux Affaires européennes, Marielle de Sarnez (40 %), dans la 11e circonscription de Paris, et le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi (37 %), dans la 16e circonscription de Paris, sont eux aussi en situation favorable.
Il n’y a finalement que la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, (41,59 %), qui se trouve dans une position délicate, en tête mais ex-aequo avec Stéphane Lenormand (parti Archipel Demain).
« Malgré l’abstention, le message des Français est sans ambiguïté », a déclaré depuis Matignon le Premier ministre, Édouard Philippe, symbole de la recomposition du paysage politique en cours. « Pour la troisième fois consécutive, vous avez été des millions à confirmer votre attachement au projet de renouvellement, de rassemblement et de reconquête du président de la République. »
Ces résultats du premier tour des élections législatives sont la dernière réplique du séisme politique provoqué par Emmanuel Macron, qui laisse aussi bien Les Républicains que le Parti socialiste en ruines. Pour les deux partis historiques de gouvernement, dont un nombre important de figures emblématiques ont été balayées dimanche au premier tour, se remettre d’une telle déroute prendra du temps.
Fort de cette probable solide majorité à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron aura les mains libres pour appliquer son programme. Dans les prochaines semaines, le Parlement devra examiner la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre, ainsi que le projet de loi sur la moralisation de la vie publique porté par le garde des Sceaux, François Bayrou. Les députés devront également examiner le projet de loi habilitant le gouvernement à réformer le droit du travail par ordonnances, le premier grand chantier économique et social du quinquennat.
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