Le 18 décembre au Niger c’est la fête de la république. Elle est tournante et se passe dans les chefs-lieux des régions, ce qui leur permet de bénéficier de nouvelles infrastructures. C’est une bonne chose qu’il faut planifier et innover. Cependant, les Nigériennes et les Nigériens ne doivent pas oublier que la république ne se limite pas seulement aux festivités et aux infrastructures dans une région donnée à un moment donné. Elle va bien au delà dans l’espace et dans le temps. Elle englobe la sauvegarde de notre identité culturelle, la solidarité nationale, la question du développement économique et social, la souveraineté et la démocratie. Ce qui logiquement et inévitablement met le peuple au centre de tout processus et chacun de nous doit jouer honnêtement et « citoyennement » sa partition.
Beaucoup de nos compatriotes sont très enthousiastes pour être associés à l’organisation de cette fête ou tout simplement pour y prendre part. Certes, il y’a quelques-uns qui s’investissent sérieusement pour la réussite de l’évènement, mais pour certains c’est une opportunité pour sucer le sang de la république et pour d’autres c’est une occasion pour se pavaner. Pour beaucoup derrière leur enthousiasme il n’y a que ‘’matuvuisme’’ et opportunisme. D’ailleurs, combien sont-ils qui respectent la devise de notre république : Fraternité, travail, progrès? Ils ne sont pas nombreux.
De nos jours, avec les comportements d’un grand nombre de nos concitoyens admettons que la fourberie, la méchanceté, et l’hostilité au quotidien ont tendance à chasser la fraternité. La valeur travail est délaissée au profit de la recherche effrénée du gain facile et illicite. Travailler consciencieusement pour le Niger n’est plus une fierté, mais c’est devenu une risée. Leur notion du progrès se limite à leurs intérêts particuliers. Quant au progrès du Niger, c’est le cadet de leurs soucis.
La république est protectrice de ses citoyens. De ce fait, chaque citoyen lui doit respect et redevabilité. Nos droits sont inaliénables et accomplissons toujours nos devoirs. En cas de faute, l’autorité de l’Etat doit s’affirmer. Considérer son pays comme une « vache à lait » qu’il faut traire à volonté est une trahison. Nous devons nous acquitter de nos contributions fiscales pour participer de manière citoyenne au financement des dépenses de l’Etat dont nous en sommes d’ailleurs les bénéficiaires. Notre militantisme doit aller au delà de notre appartenance politique pour encourager et appuyer toute initiative qui œuvre pour le développement économique et social de notre pays. « La patrie passe avant le parti ». Œuvrons pour la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble. En définitive, acceptons comme l’a dit Victor Hugo que: “ La République affirme le droit et impose le devoir. ”
C’est triste et inquiétant de constater que la tendance générale évolue vers la culture des antivaleurs et le rejet de l’éthique . Nous sommes conscients que certains propos et certains actes sont à l’antipode de la discipline et de la décence. Malheureusement, assez souvent nous écoutons et regardons sans réagir pour finir par prononcer le très facile « saï hakouri » « kala sourou » et c’est à ce moment précis qu’intervient l’indifférence, le fatalisme et le défaitisme et nous sombrons dans le’’ nigéro-pessimisme’’ ambiant.
Si tant est que nous voulons d’une République qui progresse, nous devons continuer notre combat contre l’incivisme et « l’impatriotisme”. C’est vrai, ce n’est pas une sinécure, mais le jeu en vaut la chandelle. Nous ne serons pas rémunérés, mais dans la vie il n’y a pas que le gain lucratif, nous pouvons aussi gagner moralement et spirituellement et Dieu reconnaitra les siens. La République on ne l’exploite pas, on ne la vole pas. On l’aime et on la sert loyalement.
Vive le Niger !!!
Abdourahaman Zakaria