Le Collectif « Résistance citoyenne » qui regroupe plusieurs structures de la société civile proches de l’opposition politique a rendu publique le 13 avril 2016 une déclaration à travers laquelle cette structure a exprimé sa désapprobation et sa non-acceptation du processus électoral qui a conduit à l’élection du président de la République pour un second mandat et d’un nouveau parlement. Resistance citoyenne considère que le Niger se trouve actuellement en plein régime dictatorial et appelle les nigériens qui croient en leur combat à résister à ce que le collectif considère comme étant une usurpation des résultats des élections présidentielle et législatives du 21 février et du 20 mars derniers.
Après avoir critiqué l’organisation des élections par une CENI qu’elle considère comme étant aux ordres et la prétendue complicité de la Cour constitutionnelle, le collectif « décide de se battre contre la dictature en marche dans notre pays pour restaurer de la démocratie et l’Etat de droit au Niger ». Il lance un appel à tous les citoyens nigériens attachés aux valeurs démocratiques chèrement acquises de hautes luttes, de sortir massivement pour prendre part à la marche citoyenne pour la restauration de la démocratie qu’il organise le dimanche 24 avril 2016 sur toute l’étendue du territoire national.
Le moins que l’on puisse dire est que le collectif Resistance citoyenne fait preuve d’un certain culot en décidant contre toute raison de se mettre dans une posture de remise en cause des institutions démocratiquement élues les 21 février et le 20 mars derniers. En effet, comment comprendre cette sortie médiatique de Resistance citoyenne quand on sait que l’opposition avait elle même décidé souverainement de retirer ses membres de la CENI, mais également lancer un mot d’ordre de boycott actif du deuxième tour tout en maintenant la candidature de son champion Hama Amadou qui a permis au candidat Issoufou se faire plébisciter avec 92, 51% des voix. Illogique n’est-ce pas ?
La communauté internationale avait salué, on se rappelle, le sens de responsabilité du peuple nigérien qui a élu librement ses dirigeants. La preuve, ce sont ces messages de félicitations à n’en pas finir que le président Issoufou a reçus de tous les coins du monde non seulement pour le féliciter pour sa brillante élection mais aussi pour louer la maturité politique du peuple nigérien qui a fait son choix en toute liberté et sans céder aux sirènes divisionnistes de ceux qui ont souhaité le chaos pour le Niger. La preuve c’est aussi ce sont aussi ces dizaines de délégations, dont certaines étaient venues de très loin, pour assister à la cérémonie d’investiture du président Issoufou, le 2 avril dernier.
Plus de 53 pays ont envoyé des délé- gations dont le pays frère qu’est le Nigeria représenté par son vice président et une forte délégation. 10 chefs d’Etats africains ont également effectué lé déplacement à Niamey pour assister à cette cérémonie solennelle d’investiture. Ces faits indéniables constituent la preuve que les élections nigériennes ne sont pas tropicalisées comme aiment à le dire souvent l’opposition politique et ses relais au sein de la société civile.
Cette déclaration de Resistance citoyenne va à contre-courant de la dynamique enclenchée par les jeunes de la COPA qui inscrivent leur lutte dans une dynamique de respect des institutions issues des élections au lieu du rejet qui semble être la posture de l’aile dure de l’opposition politique.
Mais peut-on être surpris de la déclaration du collectif Resistance citoyenne quand on connait l’accointance entre certains membres de regroupement avec les leaders de l’opposition politique nigérienne ? En rendant publique cette déclaration complètement déconnectée de la réalité, le collectif Resistance citoyenne a non seulement porté des lunettes en bois, mais a probablement choisi aussi de mettre en marche le mot d’ordre de « résistance citoyenne » annoncé par l’opposition le 28 mars dernier. Les nigériens ont aujourd’hui compris le jeu et savent « qui roule pour qui ». C’est pourquoi, on peut être d’accord avec Mamane de la très très République démocratique du Gondwana, qui, dans une de ses chroniques de cette semaine, a proposé de civiliser la société civile.
Ibrahim B. ( Le Républicain du 14 Avril 2016)