Interview de M. Kalla Ankourao, président du comité d’organisation de Maradi Kolliya

Monsieur le président, les activités de Maradi Kolliya ont été lancées dimanche dernier et elles se poursuivent activement. Quel est aujourd’hui le sentiment qui vous anime, vous qui êtes l’homme orchestre de l’organisation de ce grand événement, au regard du bon déroulement de Maradi Kolliya ?

Je ne peux évidemment qu’avoir un sentiment de soulagement et de satisfaction. Parce que comme vous le savez, il y a eu beaucoup de pessimisme par rapport à la tenue de cette fête du 18 décembre à Maradi. On a tout dit : pour certaines personnes  »à cause de la guerre dans l’est du pays, il faut reporter cet événement ». Pour d’autres,  »il faut l’annuler à cause des élections ». Et puis, petit à petit le sentiment que la fête n’aura pas lieu à commencé à s’installer dans l’esprit des Nigériens. Mais brusquement, tout le monde se rend compte que cette fête là était en train de se préparer sans tapage. Nous avons, dimanche dernier, organisé le lancement des festivités et c’est tant mieux pour le comité d’organisation qui m’a accompagné. C’est tant mieux pour la jeunesse nigérienne ; c’est tant mieux pour le Niger ; et c’est tant mieux pour la population de Maradi. Je demeure convaincu qu’il y avait des raisons d’organiser cette fête, mais surtout de préparer cette fête là en faisant en sorte que Maradi soit Kolliya au moment de la fête et continue à être Kolliya par la suite. Voilà mes sentiments, et on doit dire Alhamdou Lilah, et rendre grâce à Dieu qui a permis tout cela.

Dans votre allocution lors du lancement, vous rappeliez que toutes ces infrastructures qui ont changé le visage de Maradi ont été réalisées en l’espace de quatre mois seulement. Comment avez-vous fait pour parvenir à cet exploit en si peu de temps?
J’étais le premier surpris de l’engagement des entreprises auxquelles nous avions confié ce travail. Il n’y avait pas seulement que les moyens dont elles disposaient, il y avait probablement et certainement, l’engagement, la volonté de permettre à Maradi de faire sa toilette et de se préparer à la fête. Elles avaient la volonté d’aider les autorités à aboutir à cet objectif là. Nous avons beaucoup de paris. Mais nous avions dit aux gens, quand on devrait leur passer les marchés, qu’il fallait prendre le marché, commencer son exécution sans exiger un payement quelconque. Evidemment, chemin faisant, si le payement vient, c’est tant mieux et s’il ne vient pas, c’est tant pis. C’est une mission que nous leur avons confiée. Et nous avons choisi les entreprises, qui, de notre point de vue, étaient capables de faire cela. Nous n’avons pas été déçus. Regardez tous ces monuments flambant neufs, ils ont été faits en trois mois. Regardez la Maison de la Culture, la belle, tout ce qui reste aujourd’hui, c’est la toiture pour mettre à l’abri les spectateurs en cas de manifestations diurnes. Regardez le stade régional ; on est parti au mois d’août, d’un petit cagibi, où il n’y avait que la pelouse synthétique. Aujourd’hui, il est complètement rénové, complètement agrandi avec des aires de jeu pour le hand-ball, le basket, ou le volley-ball. Regardez l’aéroport, l’entreprise a travaillé 24 heures sur 24. Elle a pu recourir à des techniques, des technologies qui permettent même pour la prise du béton, de diminuer le délai. Et c’est comme ça qu’on est arrivé à cette situation. La seule fausse note, c’est au niveau de la cité du 18 décembre qui, malheureusement n’a pas beaucoup avancé. Sur le site de la Tannerie, les 30 duplex ont tous été couverts. Il y a eu le rez-de-chaussée, et le premier niveau, mais les finitions n’étaient pas au rendez-vous. Donc, ça a été vraiment une déception pour nous. Quant à l’autre site, le premier où nous avions 70 villas F3 et F4, la déception est encore plus importante parce que plus du tiers des villas n’a pas encore commencé. Sinon, tout le reste, même l’hippodrome peut être utilisé pour faire des compétitions. Regardez la tribune, s’il y avait un aspect sur lequel on devrait avoir du souci, c’était la tribune.
Parce qu’il fallait la commander à l’extérieur ; nous avions voulu d’une tribune démontable heureusement. En une semaine, tout le matériel est venu dans les containers, et elle a été montée en deux jours. Les 700 km qu’on devrait ajouter, et les 1300 de part et d’autre pour bien garantir une route aussi large que possible, cela a été fait en moins de trois semaines. Ils étaient là nuit et jour debout, souvent avec moi-même pour regarder les engins travailler. Il y a une petite fausse note également en ce qui concerne le site des foires. Nous avons prévu de faire un site définitif pour toutes les foires à venir. L’entrepreneur a trainé avant de commencer les travaux, et bien évidemment on n’a pas encore ce site.
Mais dans la mesure où Maradi dispose déjà d’infrastructures sur tous les plans, économique, social, éducatif et hébergement, nous avons rapidement aménagé le marché flambant neuf qui a été inauguré l’année dernière par le Président de la République, pour faire cette foire là. On est satisfait. On a des choses qui sont bien faites. Les entreprises n’ont pas lésiné sur les moyens, et elles ont suivi nos conseils ; elles ont travaillé nuit et jour, et au bout du rouleau, on peut dire Alhamdou Lilah, nous sommes satisfaits. Il faut les féliciter, il faut féliciter tout le monde, tous les acteurs. Toute œuvre humaine n’est jamais parfaite. Je vous disais qu’au niveau de la cité du 18 décembre, nous avons constaté beaucoup de défaillances.
Monsieur le président, avez-vous la garantie que pour les chantiers non achevés, au-delà de la date du 18 décembre, les travaux vont continuer ?
Mais je ne vois pas ce qui peut empêcher cela. Ce sont des entrepreneurs qui ont des marchés. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour terminer avant le 18 décembre. Maintenant, ils vont les terminer plus tranquillement dans les délais qu’on leur a donnés. Regardez le stade régional, on a donné à l’entrepreneur un délai d’un an, mais en trois mois, il nous a remis un stade utilisable. Il va donc utiliser les neuf mois qui lui restent pour finir les tribunes de face, et faire les travaux de finition. Donc, il n’y a strictement aucune raison que les gens abandonnent leurs chantiers dans la mesure où ils savent qu’ils seront payés. Je n’ai pas de doute à cela. Maintenant, il nous reste à regarder un peu que faire des chantiers qui n’ont pas démarré. Même s’ils sont rares, il y en a quand même quelques uns. Et de l’autre côté, nous devons continuer à initier des choses qui peuvent encore rendre la ville de Maradi plus jolie, plus belle, plus Kolliya. Parce que comme je l’ai toujours dit, Maradi Kolliya ne s’arrête pas au 18 décembre. Elle va continuer. Nous avons déjà beaucoup d’idées, et bien entendu il y a un comité interministériel d’orientation dans le cadre de Maradi Kolliya. C’est lui qui approuve les investissements. Nous lui ferons au fur et à mesure des suggestions d’amélioration de l’ensemble des infrastructures afin qu’on ait une ville bien structurée, des investissements complémentaires, mais pas beaucoup d’un côté et très peu de l’autre. C’est en cela que nous dirons alhamdou Lilah, nous avons fait Maradi Kolliya, et nous tirons le chapeau.
Monsieur le président, le colloque scientifique international regroupe d’éminents universitaires du Niger et d’ailleurs autour de la problématique de  »la coexistence intercommunautaire et de la paix ». Quelles sont vos attentes au sortir de ce forum ?
S’il y a une réussite à saluer, c’est bien l’organisation de ce colloque. Le thème allie l’histoire à l’actualité. Alors, qu’est-ce qu’il y a de plus approprié ? Et nous avons prévu une trentaine d’exposés, des contributions. Les membres de la commission colloque ont fait la prouesse d’avoir plus d’une quinzaine de recteurs pour participer aux travaux. Il faut leur tirer chapeau. Ils ont fait venir des sommités qui sont prêtes à contribuer à l’enrichissement des débats, en ce qui concerne l’histoire de cette zone du Gobir et du Katsina, ses relations avec tous les voisins, en particulier le Nigéria, les problèmes de l’insécurité et de l’intolérance qui, aujourd’hui minent la stabilité des Etats. C’est cela la question. Et, ce que j’ai vu à l’ouverture de ce colloque me permet d’affirmer que nous aurons de très bons résultats. Et nous mettrons à la disposition du Gouvernement des conclusions à même de lui permettre d’améliorer tout ce qu’il est en train de faire dans le cadre de la recherche de la paix, et de la stabilité de notre pays. Il faut aller aux sources pour expliquer certaines choses : pourquoi le Gobir et le Katsina sont en paix ? Il n’y a jamais aucun conflit entre eux. Il faut chercher le pourquoi et l’utiliser aujourd’hui pour avoir cette paix et cette stabilité dans d’autres régions, dans d’autres pays, dans d’autres continents. Ce colloque est vraiment une réussite. Et nous sommes contents que ce colloque ait un tel niveau scientifique que nous avons vu ; et qu’il ait la qualité que nous avons vue. Toutes les universités du Niger sont au rendez-vous. Toutes les universités du Nord Nigeria sont au rendez-vous ; les universités du Mali et de la Côte d’Ivoire sont aussi venues. Nous sommes vraiment très satisfaits et nous sommes pressés d’aller suivre quelques exposés, quelques débats.
Oumarou Moussa, envoyé spécial