Depuis 2011, année d’investiture du Président Issoufou Mahamadou, le Niger a opté, au plan de la diplomatie et de la coopération, pour une large ouverture diplomatique rendue possible notamment grâce à l’offensive menée par les autorités nigériennes au plus haut niveau. Ces différents résultats édifiants enregistrés que nous vous proposons dans cet article, sont surtout l’œuvre d’un homme. Il s’agit de l’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur Bazoum Mohamed, qui a été remplacé à ce poste, il y a quelques mois, par Kané Aïchatou Boulama.
Ce charismatique diplomate né n’a ménagé durant quatre ans ni son temps ni ses efforts pour repositionner notre pays au plan diplomatique après sa mise à l’écart suite au fâcheux et triste épisode du ‘‘Tazartché’’. Un travail que continue inlassablement Mme Kané Aïchatou Boulama.
Ainsi, de 2011 à début 2015, le gouvernement de la 7ème République a développé une action d’envergure par le redéploiement de la carte diplomatique avec l’ouverture de nouvelles ambassades : en Inde, au Sénégal, en Turquie, en Afrique du Sud et au Togo et l’élargissement de la représentation consulaire : Libreville (Gabon), Québec (Canada), Conakry (Guinée), Tunisie, Angola, Antalya (Turquie), Hong Kong et Metz (France). De même, les Autorités ont effectué plusieurs missions à l’extérieur et organisé des foras et tables rondes, notamment à Londres et à Paris, à l’issue desquels, des accords ou intentions de financement ont été enregistrés.
En outre, les Autorités ont participé à des rencontres régionales et sous régionales afin de renforcer les liens de coopération et d’amitié avec les pays amis. Par ailleurs, le Niger a reçu la visite de hautes personnalités et de nombreux investisseurs étrangers, ce qui rehausse de manière significative l’image et la crédibilité du pays. Enfin, un forum de la diaspora a été organisé à Niamey en août 2012. Ledit forum fut l’occasion d’échanges et de réflexions mais aussi de contacts avec les banques et les opérateurs économiques. Les recommandations qui en sont issues ont été traduites en plan d’actions.
Pour améliorer les conditions d’intervention de la diaspora, le projet de modification du code de nationalité a été adopté par le Gouvernement. Cette modification vise à permettre aux nigériens de l’extérieur qui ont acquis la nationalité de leur pays d’accueil, de continuer de jouir de la nationalité nigérienne. Sur le plan bilatéral, le Président de la République, Chef de l’Etat, a effectué plusieurs visites dans les pays amis tels que le Nigéria, le Bénin, le Togo, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, le Koweït, la France, la Belgique, l’Allemagne.
Réciproquement, plusieurs Chefs d’Etats étrangers ont visité le Niger. Ces visites ont surtout ciblé les domaines de la sécurité publique, de la sécurité alimentaire, les projets routiers et ferroviaires, le barrage de Kandadji ainsi que l’implication de la diaspora dans le développement socioéconomique du pays.
Des représentations nationales ouvertes dans plusieurs pays L’offensive diplomatique se poursuit avec l’ouverture, en quatre ans, de plusieurs Ambassades en Afrique, en Europe, en Asie, et l’opérationnalisation des représentations diplomatiques en Inde, en Afrique du Sud, au Sénégal, au Togo et en Turquie. Des commissions mixtes de coopération se sont tenues avec le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, le Nigéria, la France, l’Allemagne et l’Espagne sur des questions liées à la santé, l’hygiène, les arts et la culture, l’aviation civile et le transport.
Le suivi de certaines coopérations bilatérales fait apparaitre des résultats très significatifs notamment avec la Turquie, la République Populaire de Chine, l’Afrique du Sud, la France et récemment avec l’adhésion de l’Espagne à l’accord-cadre entre l’Etat du Niger et les donateurs concernant le Dispositif National de Pré- vention et de Gestion des Catastrophes et des Crises Alimentaires (DNPGCCA). S’agissant de la coopération avec les pays asiatiques, elle présente de meilleures perspectives même si elle est pour l’instant plus dynamique avec la Chine, le Japon et l’Inde. Quant à la coopération avec les pays dits émergents comme le Singapour, la Thaïlande et la Corée du Sud malgré les opportunités qu’elle offre à notre pays, elle demeure encore timide.
En ce qui concerne la coopération avec les pays arabes tels que l’Arabie Saoudite, le Koweit et l’Iran, elle est plus active dans le domaine de l’assistance humanitaire et intervient par le biais d’organisations caritatives. Grâce à la coopération bilatérale le Niger a également bénéficié de plusieurs dons et des bourses d’études dans divers domaines de l’enseignement moyens et supérieurs ainsi que des stages de formation et des visites organisées au profit des cadres des ministères. Les pays donateurs sont, entre autres, la Chine, la Turquie, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Australie, etc. De façon générale, on constate que la coopération bilatérale a été plus active avec les pays d’Afrique et particulièrement le Nigéria qui est le seul pays avec lequel la coopération est gérée par un cadre formel, à savoir le Secrétariat Permanent de la Commission Mixte Nigéro-Nigériane de coopération qui a son siège à Niamey.
Sur le plan multilatéral, les relations avec les institutions multilatérales notamment le système des Nations Unies, l’Union Européenne, la banque mondiale, l’Union Africaine ainsi que d’autres organisations internationales se sont renforcées. Le Niger a activement participé à des rencontres internationales dont, entre autres, la 53ème et la 54ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) qui s’est tenue à Banjul (Gambie) et à d’autres tribunes importantes. Aussi, le Niger a été retenu à l’issue de la 54ème session de la CADHP, pour abriter la 56ème session de cette Institution en octobre 2014.
L’évènement le plus marquant au plan multilatéral est visite du Secrétaire Général des Nations Unies accompagné de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine, du Commissaire Européen au développement et du Président de la Banque Africaine de développement en liaison avec la question de développement et de sécurité au Sahel. En outre, le Niger s’est beaucoup activé pour redynamiser les activités de la CENSAD dont l’intérim du Secrétariat Général est assuré par un nigérien. Une diaspora mobilisée et impliquée dans le développement du Niger S’agissant de la Diaspora, elle est de plus en plus impliquée dans le développement socioéconomique du pays, suite au forum organisé en 2012.
Les 4 sous-comités mis enplace, dans le cadre du comité de suivi des recommandations du forum sur la diaspora, ont pris en charge les questions liées à l’organisation des structures et aux actes administratifs. Plusieurs missions de sensibilisation à l’extérieur ont été organisées et le bureau d’accueil de la diaspora créé est devenu opérationnel. En termes de résultats, des investissements ont été réalisés par la diaspora dans les domaines hôtelier et de la restauration, du commerce général, de l’import-export, du tourisme et voyages et de l’éducation. Par ailleurs, notre compatriote Monsieur Elhadj Maman Laminou a été élu au poste de Secrétaire Exécutif de l’Assemblée des Régulateurs des Télécommunications de l’Afrique de l’Ouest « ARTO ».
Cette importante communauté nigérienne vivant à l’extérieur va, comme les Nigériens vivants au pays, participer aux différents scrutins qui auront lieu dans quelques mois au Niger. Mme Kané Aïchatou Boulama poursuit le combat diplomatique Depuis plusieurs mois, la diplomatie nigérienne a une nouvelle patronne. Il s’agit de Mme Aichatou Boulama Kane qui a succédé le mardi 25 février 2015 à Mohamed Bazoum nommé ministre d’Etat à la Présidence. La nouvelle chef de la diplomatie nigérienne n’est pas une inconnue de la scène politique nigérienne même si son parcours, depuis l’avènement de la démocratie, a été pour l’essentiel consacré à la lutte pour la promotion de la condition féminine.
Aichatou Kane Boulama est, en effet, une militante active du PNDSTarayya, parti au sein duquel elle a milité depuis sa création au lendemain de l’instauration du multipartisme au Niger. Comme son époux, Kane Souleymane, ancien directeur de campagne de Issoufou Mahamadou et actuellement ministre-conseiller du Président de la République, elle est membre du Bureau exécutif fédéral du PNDS- Tarayya. Selon sa biographie officielle, la nouvelle ministre des Affaires étrangères et de la coopération a été une pionnière dans la lutte pour la prise en compte de la question genre dans le nouvel ordre démocratique nigé- rien des années 90.
C’est à ce titre qu’elle a été de celles qui avaient initié l’organisation et la tenue de la marche historique des femmes nigériennes qui protestaient contre la faible représentation des femmes à la Conférence Nationale. C’est en effet à partir de ce mouvement qu’a été instituée la journée nationale de la femme nigérienne, désormais célébrée tous les 13 mai de chaque année. C’est à cette époque que son parcours politique prend un tournant décisif puisqu’elle fut désignée déléguée à la Conférence nationale souveraine au titre du PNDS-Tarayya. Selon la même source, Mme Kané Aïchatou Boulama, mariée et mère de trois enfants est née le 24 avril 1955 à Keita dans la Région de Tahoua. Après des études primaire et secondaire à Mainé-Soroa de 1961 à 1967, elle fréquenta le Lycée Mariama de Niamey où elle obtint son Baccalauréat série D en 1974.
Elle paracheva ce parcours au Niger par des études supérieures à l’étranger notamment à l’Université de Rennes I en France, où elle obtient un diplôme d’économie générale en 1979, qu’elle compléta par un Diplôme d’Etudes Supérieures Spé- cialisées (DESS) en transport et distribution à l’Université de Paris 1 Panthéon -Sorbonne toujours en France. En 1993, la nouvelle ministre des Affaires étrangères et de la coopération fut nommée secrétaire d’Etat au Plan dans le gouvernement de transition. Par la suite, elle disparut un peu du radar politique en raison notamment de la traversée de désert que connut son parti le PNDS Tarayya à l’opposition. Kane Boulama Aichatou a profité de ce long intermède pour renouer avec son militantisme au sein des organisations féminines.
C’est à ce titre qu’elle fut chargée pendant plusieurs éditions, sous le régime de Tandja Mamadou, de la coordination du Salon International de l’Artisanat pour la Femme (SAFEM). L’avènement du PNDS au pouvoir en 2011 la propulsa au premier rang des personnalités du régime de la « Renaissance » puisqu’elle fut nommée Gouverneure de la Région de la capitale Niamey, une fonction qu’elle occupa durant deux années. Alors qu’elle était pressentie pour intégrer le gouvernement au ministère de l’Intérieur à l’occasion des premiers remaniements ministériels de la Renaissance, Kane Boulama Aichatou se retrouva à la tête du cabinet du Chef du gouvernement à la suite de la formation du dernier gouvernement de large ouverture d’Aout et septembre 2013.
Aujourd’hui, elle passe comme chef de la diplomatie nigérienne, ce qui constitue une consécration pour cette militante de la section PNDS-Tarayya de Niamey. La nomination de Kane Boulama au ministère des Affaires étrangères traduit donc la confiance dont elle bénéficie auprès du Président Issoufou Mahamadou mais aussi une reconnaissance du combat militant qu’elle a mené durant les 20 ans d’opposition au sein du parti en tandem avec son époux qui jusqu’à récemment était responsable de la section de la Fédération PNDS de Niamey. Il est en train, comme son prédécesseur, de relever beaucoup de défis notamment dans le contexte régional et international actuel, marqué par l’amplification des risques sécuritaires.
Consciente du fait que c’est désormais à elle qu’incombe la mission d’une meilleure visibilité de l’image de notre pays, après le Tazartché de Tandja, et cela conformément à l’orientation donnée par le Président de la République, cette courageuse femme a déjà mis sa main dans la pâte à travers des missions à l’étranger et l’accueil des nouveaux diplomates au Niger. Sur les dossiers de la diaspora, elle a à gérer le dossier ouvert sous Mohamed Bazoum relativement au vote des nigériens à l’extérieur et à leur représentation à l’assemblée nationale, une première au Niger. La riche expérience de Kané Boulama Aichatou ainsi que ses soutiens politiques lui seront certainement d’un grand atout dans sa mis sion à ce poste de souveraineté.
En somme, plusieurs années après le départ de Aichatou Mindaoudou qui a aussi fait ses preuves sous Tandja Mamadou, la diplomatie nigérienne se met encore une fois de plus au féminin. Ce qui illustre, à juste titre, que la Renaissance du Niger se fera avec les femmes nigériennes.