Le choléra et ses dizaines de milliers de victimes est peut-être en passe de reculer grâce à un vaccin oral. Les tests réalisés au Bangladesh sur près de 270 000 adultes et enfants ont obtenu de tels résultats qu’ils permettent de l’espérer. De plus le prix modique de ce vaccin, le Shanchol, le rend accessible à tous.
Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes pour qu’on boude celle-ci diffusée par le journal médical The Lancet. On y apprend qu’une étude a été menée auprès de 270 000 enfants et adultes vivant dans des taudis de Mirpur, à Dacca, au Bangladesh. Toutes ces personnes exposées au risque du choléra ont reçu le vaccin oral Shanchol. C’est la première fois qu’un vaccin est ainsi testé à très large échelle dans les conditions de la vie habituelle en zone d’endémie, précisent les auteurs de l’étude.
Protégé durant cinq ans
Près de 95 000 habitants de Mirpur ont donc reçu le vaccin alors qu’un peu moins (92 539) ont été, en plus, enrôlés dans un programme destiné à modifier les comportements ciblant le lavage des mains et la consommation d’eau potable. On sait que le choléra est une affection étroitement associée au manque d’hygiène et à l’absence d’eau et de boisson salubre. Dans le même temps, quelque 80 000 personnes n’ont bénéficié ni du vaccin ni du programme « changement de comportement ».
Ce sont les services de santé locaux qui ont procédé à la dispensation du vaccin qui a été administré en deux doses, à quatorze jours d’intervalle. Les auteurs de l’étude affirment que le vaccin a été « bien toléré, sans effets indésirables graves signalés ». Bien que la population intégrée dans l’étude soit très mobile, 65 % et 66 % des personnes ont respectivement reçu le vaccin seul en deux doses et bénéficié en plus du programme visant à modifier les habitudes.
Selon les différents essais menés depuis environ cinq ans, le Shanchol a montré qu’il conférait une protection qui se prolonge au moins durant les cinq années qui suivent l’inoculation et peut-être au-delà, mais cela n’est pas encore démontré.
Trois millions de doses
Par ailleurs, les auteurs de l’étude ont constaté que, comparé aux non-vaccinés, le Shanchol a apporté une protection à 53 % des habitants ayant reçu le vaccin seul et à 58 % de ceux qui en plus avaient reçu les consignes d’hygiène. Cette différence prouve en tout cas, s’il fallait encore le faire, que « l’eau potable et l’assainissement auxquels n’ont pas accès 2,5 milliards de personnes, sont en fin de compte le facteur clé de la lutte contre le choléra », insiste le Dr Firdausi Qadri du Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques du Bangladesh, à Dacca.
Mais puisque la menace du choléra est une réalité malheureusement persistante, l’intérêt du Shanchol est d’autant plus grand. Dans le monde, chaque année,surviennent de 3 à 5 millions de cas de choléra qui font entre 100 000 et 120 000 morts, en majorité des enfants. L’atout que représente ce vaccin oral de plus, facile à administrer, n’a pas échappé à l’OMS qui le stocke désormais au vu des résultats des différents essais, en prévision de prochaines flambées.
L’Alliance du Vaccin (GAVI) estime quant à elle qu’un stock de trois millions de doses serait nécessaire pour faire face aux épidémies qui surviennent régulièrement dans une cinquantaine de pays, surtout en Afrique et en Asie. Un objectif qui semble réalisable puisque les deux doses de Shanchol reviennent à 3,70 dollars (3,50 euros), un prix que la Fondation Bill et Melinda qui a largement financé les recherches espère voir passer sous les deux dollars au fur et à mesure de la montée en puissance de la production.
RFI