C’est Albert Einstein qui a défini la folie comme le fait de faire la même chose encore et encore. En effet, s’il y a un domaine ou la classe politique nigérienne a totalement échoué c’est sans conteste dans la gestion des medias publics. Tous les opposants d’hier et d’aujourd’hui, les princes d’hier et d’aujourd’hui sous notre ère démocratique ont fait montre d’une seule prouesse dans ce domaine : la caporalisation et l’instrumentation des medias publics.
Mon propos est vérifiable et je défie quiconque du pouvoir et de l’opposition de me prouver le contraire : tous se sont comportés comme si ces medias leur appartenaient ou appartenaient aux partis de la mouvance au pouvoir. Une seule recette. Inopérante. Anachronique. Cette recette est pourtant perpétuée avec délectation par les gouvernants du jour et amertume et indignation par l’opposition du moment. C’est ce que j’appelle l’échec de tous contre tous.
A quoi bon de se comporter au pouvoir avec une telle courte vue. Un manque de vision aussi criard car en dernière analyse, et les faits le prouvent, aucun régime n’est eternel. Faut-il alors se conformer a cette norme non écrite, cet abus du pouvoir au détriment de ses propres intérêts politiques une fois a l’opposition ? Faut-il encore que la classe politique dans son ensemble continue d’être complice dans la violation les lois de la République dans le domaine de la communication notamment la gestion des medias publics ? Ou encore faut-il enfin accepter une sorte de pacte républicain qui serait, comme qui dirait, un équilibre de la terreur dans l’application des lois et règlements en vigueur ?
Je pense plus d’un démocrate optera sans hésiter pour la dernière option qui consiste enfin a donner aux instances habilitées a réguler la communication a accomplir leur mission pour l’intérêt de chacun et de tous. Et dans ce sens la loi nigérienne dans le domaine de la communication est assez révolutionnaire et généreuse pour satisfaire tous les courants de pensée dans un contexte démocratique apaisé et multi partisan.
Les professionnels de la communication attendent d’être convaincus de la sincérité du politique pour l’émergence véritable d’une presse publique à la hauteur des exigences démocratiques du moment. Que de séminaires, d’ateliers et de rencontres internationales pour l’érection d’une presse publique de qualité ! Toutes ces généreuses recommandations et résolutions sont restées lettres et sans effets sur le dogmatisme du politique qui ne voudrait pas lâcher du leste dans le domaine particulier de la communication. Nous savons que le 4eme pouvoir, est un pouvoir réel mais chers amis professionnels de la politique a quoi rime votre attitude contre productive qui frise du cynisme contre vous-mêmes ?
Je pense qu’il est grand temps que la Renaissance passe par la. Il est grand temps que le politique accepte résolument un vrai pacte républicain pour que les acteurs cessent de se faire peur selon leur position du moment. Il est grand si tant est que nous sommes pour une démocratie en avant ou la presse libre qu’elle soit du public ou privé est un critérium, un signe de bonne gouvernance. Il est temps que les politiciens arrêtent cette folie qui mènent finalement nulle part en ce sens qu’ils se ridiculisent une fois a l’opposition quand ils dénoncent l’embrigadement de la presse publique.
Pour réussir ce pari je vois cet éclaircit a trois niveaux :
- Un consensus au sein du Conseil de dialogue politique (CNDP)
- Le Conseil supérieur de la communication qui doit jouer son rôle y compris en usant du « devoir d’ingratitude » à l’ endroit du pouvoir en place
- Les journalistes du public qui doivent avoir de l’initiative historique en cessant d’être moins conformistes. En jouant simplement leur rôle de journalistes.
Et je pense la dernière sanction du CSC infligée a l’Opinion et a l’actualité est un signal fort. Au niveau des medias publics l’obstacle majeur c’est l’immixtion du ministre de la communication dans les attributions du CSC et cela doit cesser dans la dynamique que nous prônons.
Je me permets ici de témoigner d’un exemple réussi de medias public que j’ai vécu en Cote d’Ivoire. Stagiaire a Fraternité Matin en 1998 et 99 , j’ai vu combien dans ce media public les journalistes font montre d’un travail remarquable. En plus de leur mission d’informer, nos doyens comme Ibrahim Sy Savane, Mohamed Fana, Kakamanjissou, Agnès Craidy faisaient un travail pédagogique pour amener les gouvernants comme les opposants à se reprendre. Des rubriques comme l’ère du temps de Hassane Soumana du Sahel servaient également a corriger les abus, a dénoncer les tares de la société comme de la gouvernance. Je me souviens encore après la mort du roi Hassan II d’un article d’Agnès Craidy : « Le roi n’a pas de mère !» Juste en tant que féministe pour dénoncer le fait qu’on a parlé du roi mais jamais de sa mère comme s’il n’avait pas une.
En un mot comme en cent, Je demande également à mes confrères comme les dirigeants du CSC de faire usage du devoir d’ingratitude pour l’éclosion d’une presse publique a la hauteur des attentes de notre peuple. Encore faut-il que le politique le veuille bien. Pouvoir comme opposition.
Elh. Mahamadou Souleymane