Discours de Hama Amadou, Président du bureau politique national, président du parti à l’occasion du 2ième congrès ordinaire du MODEN/FA LUMANA-AFRICA.

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Niamey, le 7 décembre 2014
Mesdames et Messieurs les délégués,  

Nous voici réunis, venant de tous les coins du monde, je veux dire de toutes les contrées du Niger et d’ailleurs, pour les assises du deuxième congrès ordinaire du Mouvement démocratique nigérien, pour une fédération africaine (MODEN/FA LUMANA-AFRICA).

J’en suis à la fois très fier et très heureux, croyez-le, malgré la situation on ne peut plus gênante dans laquelle me place l’adversité politique et la haine incommensurables de nos alliés d’hier, qui, parce qu’ils ont l’avantage de pouvoir abuser de la puissance publique, ne montrent aucun scrupule à détourner celle-ci au profit de leur seul intérêt politique.

Néanmoins, bien qu’absent de corps du Niger, la technologie moderne me permet d’être virtuellement présent à vos côtés, en image et en esprit.

Mais avant d’aller plus loin dans mon propos, permettez-moi de vous exprimer ma sincère reconnaissance pour être restés fidèlement et fermement attachés aux idéaux du parti, et ce malgré mon départ forcé en exil et les multiples formes d’oppression et de vexations dont vous êtes quotidiennement l’objet.

Soyez-en remerciés, et que Dieu le Tout-Puissant nous soutienne dans la lutte honorable que nous menons contre l’intolérance et l’extrémisme des nouveaux maîtres du Niger, qui croient que l’abus de la force constitue la meilleure protection contre l’alternance qui se profile à l’horizon de leur mandat presque achevé.
Mesdames et Messieurs,  
Je me sens d’autant plus tenu de vous remercier que notre époque contemporaine a dramatiquement réduit l’adhésion politique au seul principe de l’intérêt et du profit immédiat.
En effet, nous sommes à une époque où bien des hommes, bien des femmes, et souvent pas des moindres, ne croient plus à nos valeurs sociales d’antan et ne semblent accorder aucune foi à la morale, cet ensemble de règles sans lesquels aucune société ne peut se maintenir durablement et survivre. Hélas !

Ces Nigériens aux convictions politiques aussi multiples qu’incertaines ne croient qu’à l’argent et, en politique, au profit immédiat.

D’ailleurs, nous les entendons dire, pour convaincre et recruter dans leur rang les Nigériens à la faible conscience idéologique, que la politique, après tout, n’est pas une religion. « On y adhère, non pour une rétribution improbable dans l’au-delà, mais on s’y engage pour une récompense immédiate ici-bas. »

En se fondant donc sur ces assertions, traductions d’une cupidité sans bornes, ils ne s’embarrassent ni de fidélité, ni de loyauté.

Dès lors, ils sont prêts à se vendre au plus offrant et n’éprouvent aucun remord à se livrer, avec leur conscience délabrée et leur âme, en prime, au plus offrant et dernier enchérisseur.
Dieu merci, mes chers amis, les militantes et militants du MODEN/FA ne sont pas de cette engeance maléfique, car ils sont de la race de ceux dont l’engagement et la sincérité n’ont pas été négociés.

Les adhérents de notre parti militent par conviction et non par opportunisme.

Et c’est de ce genre de citoyens que notre pays a besoin, c’est-à-dire des citoyens politiquement engagés, moralement incorruptibles et socialement responsables, car le Niger, assurément, a besoin de retrouver ses repères et son identité à travers des hommes et des femmes qui aiment leur pays et dont les sentiments transcendent les raisonnements mesquins et les calculs d’épiciers.

 Mesdames et Messieurs,  
Le Niger a besoin d’hommes et de femmes tels que vous. Il a, par conséquent, besoin du MODEN/FA LUMANA, le parti auquel vous appartenez. C’est pourquoi ce parti représente, croyez-le, le salut et l’un des meilleurs ports d’ancrage des espérances de la nation.
C’est pourquoi, aussi, nous devons le préserver de la division et le garder fort et inébranlable, avec la ferme résolution de faire face, avec courage, aux épreuves injustes auxquelles nous soumettent les artisans de la dissidence dans les formations politiques.

Mesdames et Messieurs,  
Ceci dit, examinons un peu la situation économique et sociale de notre pays, au regard de la gouvernance actuelle.

Mais auparavant, accordons-nous sur le fait que, politiquement, le Niger tend à sortir du cadre démocratique pour entrer dans les ténèbres d’un autoritarisme de mauvais aloi.
En effet, la Constitution, les lois de la République, autant que les institutions de régulation de la vie démocratique, sont toutes perverties et transformées en instruments dociles voués à l’assujettissement des citoyens ainsi qu’à la mise au supplice de leurs libertés.
Pour se maintenir au pouvoir, le régime en place ne connaît aucun tabou.
Même la famille, jusque-là protégée et tacitement intouchable pour les protagonistes politiques en conflit, n’est plus à l’abri de complots sordides.

Les adversaires politiques sont devenus des ennemis qu’il ne s’agit pas d’affronter dans la contradiction et le fair-play démocratique, mais d’anéantir par tous les moyens.
En un mot, le parti de la renaissance ambitionne de revenir au système du parti unique en se débarrassant de tout adversaire significatif, en faisant comme les Nazis, qui, une fois parvenus au pouvoir, se sont empressés de liquider les partis politiques gênants et de jeter leurs leaders dans les camps de concentration de sinistre mémoire.

Cette inclination à imiter le nazisme est si vraie qu’actuellement aucun Nigérien ne peut contester le règne d’un malaise profond dans le pays.

Les citoyens vivent dans la peur, mais le pouvoir également, car à force de vouloir épouvanter et traquer, les ennemis politiques comme le rappellent ses notables du second cercle, politiques, aime à le dire le PNDS est arrivé paradoxalement à créer un climat, dans lequel ses dirigeants eux-mêmes vivent constamment dans une sorte d’angoisse et de paranoïa véritable.

La démocratie nigérienne est donc bel et bien en danger. Toute espérance dans une compétition électorale loyale est désormais anéantie.

Notre devoir à tous, militants politiques, membres de la société civile, journalistes comme citoyens ordinaires, est donc de se mobiliser afin d’imposer au PNDS le retour aux vraies valeurs de la démocratie, et cela le plus rapidement possible.

Au plan social, le désastre est consommé. L’étau de la pauvreté s’est resserré autour de notre peuple, déjà victime impuissante d’une nature à l’hostilité incomparable.

L’unité sociale du Niger est brisée, y compris dans les casernes militaires. En effet, dans les casernes aussi, le sectarisme s’est installé en raison de la peur compulsive du coup d’État qui étreint notre monarque socialiste.

Ce qui explique ces fables que content régulièrement ses suppôts étourdis en permanence par l’alcool, fables selon lesquelles certains leaders de l’opposition recrutent à l’étranger des mercenaires pour renverser leur régime.

Accusation fantaisiste car l’opposition nigérienne s’est toujours scrupuleusement conformée aux règles de la démocratie jusqu’à paraître faible et timorée aux yeux de nos concitoyens les plus révoltés !

Mais qu’est-ce que le PNDS ne peut inventer pour distraire les nigériens qu’il sait profondément déçus par les piètres dirigeants sortis de ses rangs. Déçus, parce que le pouvoir d’achat des familles continue, sa lente et inexorable érosion.

La croissance à deux chiffres, tant chantée, se révèle un leurre brandi pour épater la sous-région et insulter l’intelligence des Nigériens.

Les cinquante mille emplois annuels promis à la jeunesse nigérienne se révèlent, comme une sorte de marché de dupe, sinon une méchante tromperie se réduisant à des activités de fabrique de tranchées et de demi-lune, dans des champs, déjà irrémédiablement perdus parce que définitivement conquis par le glacis.
En somme, des activités, en réalité destinées, à une main-d’œuvre banale comme l’est, celle du monde rural ; un monde rural lui aussi en plein désarroi parce que constamment éreinté par la famine. Pendant ce temps, les jeunes diplômés, tous niveaux confondus, abandonnés à eux-mêmes, se morfondent dans les villes, abusés par les promesses illusoires d’un régime qui n’est pas à un mensonge près, puisque les mêmes rêves fallacieux sont servis avec profusion aux cadres de l’Administration.

Ainsi, les médecins, épuisés d’attendre la concrétisation des promesses sans cesse renouvelées qui leur sont faites mais jamais respectées par un gouvernement pris au piège de ses mensonges innombrables, se sont résignés, la mort dans l’âme, à entrer en grève au grand dam des malades abandonnés à leur triste sort.

De même, les cadres du ministère de l’Agriculture, ayant finalement compris, que les négociations engagées avec leur syndicat ne sont qu’un excellent moyen dilatoire, pour repousser sans fin, la satisfaction à la juste réclamation de leur droit à l’équité, relativement au partage des avantages entre les différents corps de l’Administration, se retrouvent condamnés, à leur corps défendant, à s’engager dans un interminable processus de grève perlée.

Les étudiants, non plus, ne sont pas épargnés par la hargne aveugle de ce régime, qui, pour survivre, joue avec les ombres de la terreur.

Ainsi, les élèves qualifiés de terroristes, sont jetés en masse dans les prisons, sous prétexte que la revendication de leurs droits légitimes est devenue un crime contre la nation.

Pourtant, ces pauvres enfants n’ont fait que recourir aux méthodes de revendication que leur ont enseignées hier, les ténors du PNDS alors à l’opposition.

En zone rurale, la famine continue de tuer en silence et dans l’indifférence criminelle du régime de Issoufou Mahamadou.

Sur le plan de la paix sociale, est-il besoin de rappeler que l’insécurité règne maintenant partout en maître dans le pays ?
Si bien que nos populations vivent dans une angoisse permanente, en raison notamment des attaques répétées des djihadistes et de Boko Haram contre les localités nigériennes en bordure des frontières du Mali, du Nigéria et de la Libye.

Ces djihadistes vont et viennent impunément, semant la désolation et la mort dans les villages, pendant que les autorités, tranquillement installées dans des bunkers à Niamey, continuent de provoquer, par leurs fanfaronnades et leur esprit va-t-en-guerre, les fous de Dieu.

Par ces provocations criminelles dictées par l’inconscience, les dignitaires du régime PNDS attisent la haine de ceux-ci particulièrement contre notre pays.

Pourtant, avec un peu d’humilité et de réalisme, les mêmes dont font preuve d’ailleurs les autres responsables d’État de la CEDEAO, nos dirigeants auraient pu épargner aux citoyens nigériens, la haine mortelle du MUJAO.

Mais voilà, le président du Niger ambitionne de jouer, en Afrique de l’Ouest, à l’interlocuteur privilégié des partenaires occidentaux, dans la lutte contre le terrorisme.

Pour ce faire, il adopte, à chaque occasion, une attitude extrémiste, et une intransigeance de fondamentaliste buté, jusqu’à oublier que, dans le domaine particulier de la guerre, nos capacités d’autodéfense sont des plus modestes malgré le courage incontestable des forces armées.

Pour faire court, disons qu’au plan social, le Niger vit dans la tourmente et le désarroi, plongé qu’il est dans l’œil du cyclone par l’incompétence et la prétention ridicules, du pouvoir en place.
Au plan économique, la gouvernance du PNDS est dominée par l’improvisation et l’art de l’illusion.
Ainsi, les poses de première pierre sont nombreuses, mais, pour la plupart, sans lendemain. Cela n’empêche toutefois pas le régime du PNDS de comptabiliser chaque pierre ainsi posée, dans le registre des actions concrètes de Issoufou Mahamadou.

C’est le sinistre jeu de fiction auquel se livre le gouvernement, produisant ainsi des statistiques fantaisistes prioritairement destinées à la mystification des observateurs politiques étrangers, et dans une certaine mesure, à minimaliser la clairvoyance du peuple nigérien.

Sinon, comment est-il simplement possible de croire que de tels artifices peuvent tromper nos concitoyens dont aucun homme d’État nigérien sain d’esprit n’ignore désormais la solide et claire conscience politique.

Notre peuple discerne le vrai du faux et distingue parfaitement entre la promesse tenue et les tours de magie.

Au total, l’économie du Niger, elle aussi, est en vérité au plus mal. L’agriculture s’enlise dans l’archaïsme et les pratiques de survie. Le secteur secondaire est plombé par la corruption, et les délits d’initiés.

Le secteur tertiaire s’enfonce dans la plus complète informalisation.

L’administration fiscale, harcelée par le pouvoir en vue de mobiliser d’avantage malgré elle de ressources internes supplémentaires toujours un peu plus accrues mais malheureusement inexistantes, se trouve traire les entreprises survivantes, jusqu’au sang.

L’argent, abondant dans les sphères supérieures de l’État, et le secteur interlope des activités illicites, se fait rare dans les circuits économiques formels. Conséquemment l’économie nigérienne, sous la conduite du régime du PNDS, tend à évoluer vers le système des économies criminelles. Nous connaissons ce qui peut en résulter pour un pays fragile.

En effet, les épreuves vécues par le Mali nous l’ont suffisamment démontré. Toutefois, les autorités actuelles du Niger semblent penser qu’elles peuvent transposer le même système économique mafieux dans le pays, sans connaître les déboires de l’ancien régime malien.

Nous leur conseillons, en dépit des divergences qui nous opposent, de façon irréconciliable, de se réveiller et de regarder en face l’abîme vers lequel elles poussent le pays.

Car à l’évidence, l’économie d’une nation ne peut s’épanouir dans la magouille et les trafics illicites, ou elle se fera au détriment du plus grand nombre de citoyens.

Il en est ainsi par exemple du programme 3N – on ne peut plus stérile – dont on nous a rabattu les oreilles durant trois longues années. Les Nigériens nourrissent les Nigériens, nous a-t-on dit, sans toutefois préciser qu’il s’agit de les nourrir d’illusion.

L’agriculture nigérienne en tout en dépit de 3 N n’a pas évolué d’un pouce malgré les ruineuses campagnes médiatiques du régime sur ses vertus imaginaires.

Les disettes continuent de plus belle, car quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, un sac de salade ne saurait remplacer, dans le grenier du paysan, un sac de mil ou de sorgho.

3N, au final, et nonobstant l’exubérance médiatique, à laquelle ses promoteurs s’adonnent en virtuoses de la mystification de masse, n’est en réalité qu’un vulgaire programme de cultures de contre-saison initié depuis les temps bénis du président Seyni Kountché (qu’il repose en paix).
Si 3N n’a finalement rien produit après quatre années d’existence, comment peut-on raisonnablement convaincre quiconque, de l’amélioration du sort de l’écrasante majorité des Nigériens depuis l’avènement au pouvoir du PNDS ?

Car après tout, 80 % de la population du Niger dépend de l’agriculture pour son existence.
Aussi sans changement notable, en volume et en qualité de la production dans ce secteur, comment peut-on honnêtement déclarer avoir réalisé des changements positifs, dans la vie du peuple nigérien ?

Les mêmes improvisations et fantaisies sont enregistrées dans le secteur des infrastructures.
Le programme Niamey-Nyala, par exemple, qui devrait transformer la capitale en ville de rêve au niveau de la sous-région, a fini son parcours lamentable, comme tant d’autres projets irréalistes, dans les tiroirs poussiéreux des promesses impossibles à tenir.

Les Niaméens ont compris car malgré des belles affiches vantant le changement spectaculaire très prochain du paysage urbain, que Niamey ne ressemblera pas à New-York de sitôt, en tout cas pas pendant le temps de cette renaissance, qui s’apparente plutôt à la mort de toute espérance, pour le Niger.

De nombreuses autres infrastructures annoncées tardent à démarrer parce que des promesses hypothétiques de ressources financières extérieures ont été assimilées, de façon tout à fait malavisée, à de la mobilisation effective de ressources immédiatement disponible.

 Mesdames et Messieurs,
Assurément, il est facile de critiquer. Toutefois, un parti politique comme le nôtre, qui aspire à assurer l’alternance, se doit d’être aussi une force de propositions alternatives.

En effet, si notre pays se porte mal aujourd’hui, c’est parce que, nous l’avons dit tantôt, il est très mal gouverné.
Le MODEN/FA LUMANA-AFRICA, avec ses alliés de l’ARDR (car il convient de ne pas oublier que nous nous sommes engagés à rester avec eux pour le meilleur et pour le pire), entend rompre avec la politique du désastre que pratiquent actuellement, avec une rare désinvolture, sinon avec une incroyable irresponsabilité, les tenants du socialisme dans notre pays.

Ainsi, sans entrer pour le moment dans les détails, sur le plan général, nous mettrons fin à la gestion patrimoniale de l’État ainsi qu’à la politique de la terreur et de l’agression permanente contre les libertés individuelles et publiques, à laquelle se livre le PNDS-Tarayya.

Au contraire, la démocratie et la liberté du citoyen qu’elle induit, sera scrupuleusement respectée.
Dans cette optique aucun citoyen, aucun parti politique, aucune association ne sera, pour des raisons politiques, harcelé par la police et traîné devant les tribunaux, sauf pour des motifs objectifs et incontestables de violation des lois de la République.

C’est pourquoi la justice sera effectivement indépendante du pouvoir exécutif.
En conséquence, le procureur de la République sera nommé par le Conseil supérieur de la magistrature, et ne dépendra plus du ministre de la Justice.

De même, la police judiciaire sera exclusivement placée sous la seule autorité de ce magistrat.
Ce dernier sera nommé pour un mandat de 3 ans, non renouvelable.

Cependant, toute violation de la loi, de sa part, sera susceptible de sanctions.
Les mêmes sanctions seront infligées aux magistrats du siège qui, bénéficiant d’une indépendance incontestable, en raison de cette politique viendraient néanmoins à manquer aux règles de l’équité et au principe sacré de la présomption d’innocence.

Car en démocratie, il faut une justice libre et des magistrats indépendants et moralement intègres pour protéger la liberté des citoyens, tout en leur permettant le libre exercice de leurs droits.
C’est à cette condition, croyons-nous, qu’il serait légitime d’exiger le respect des obligations qu’ils doivent à l’État et à la nation.

Les lois seront réformées en conséquence, afin que le citoyen nigérien ne soit plus la victime des abus auxquels tout détenteur du pouvoir d’État est tenté de succomber.

Et ce choix dépend, vous vous en doutez, de l’indépendance dont jouiront effectivement les magistrats.

Il faut que ces derniers soient libres pour mieux défendre la liberté.
Sur le plan économique, LUMANA-AFRICA entend rester dans le droit fil du libéralisme économique, qui prévaut dans le monde contemporain, afin de mieux tirer profit de la libre circulation des capitaux et des compétences.

En effet, le Niger, pays enclavé et sévèrement handicapé par la nature, ne peut s’en sortir économiquement qu’à travers l’exploitation intelligente de l’intégration sous-régionale et de l’allègement indispensable de l’arsenal juridique contraignant de son administration, déjà par trop bureaucratique, tatillonne et corrompue pour une large part.

Il s’agit, ainsi faisant, de libérer les initiatives privées, tant intérieures, sous-régionales qu’internationales.

En effet, le Niger n’a aucun intérêt à continuer d’imposer, des mesures préalables restrictives aux promoteurs de projets économiques en amont de l’investissement, alors que chacun sait que l’investissement, quel qu’il soit, est essentiel à la création des emplois, dont notre jeunesse a besoin, pour reprendre espoir et croire en son avenir et son pays.

Dans la logique de la redynamisation de l’économie nationale, le MODEN/FA LUMANA-AFRICA entend, en particulier, mettre l’accent sur l’économie agricole.

Il faut, par conséquent, recréer des conditions nouvelles de production et de maîtrise de l’eau, afin que l’agriculture se diversifie et sécrète les excédents susceptibles de rapporter des revenus supplémentaires significatifs au monde rural, puisque c’est à travers le renforcement du pouvoir d’achat des paysans, que se réalisera l’augmentation de la demande intérieure solvable des biens et des services, dont les autres secteurs de l’économie nationale ont besoin pour s’épanouir et contribuer à l’amélioration de la vie de tous, avec en toile de fond un recul significatif de la pauvreté.

Sur un tout autre plan, notre parti aura à mettre l’accent sur le renforcement de l’unité nationale, aujourd’hui gravement malmenée par le sectarisme idéologique du PNDS-Tarayya, dont l’esprit de discrimination, dans la gestion des affaires de l’État, divise jusqu’à l’intolérable les citoyens nigériens.

Il faut aussi réorganiser nos forces de défense et de sécurité, afin que le Niger, au-delà de ses partenaires de lutte contre le terrorisme, puisse par lui-même garantir à ses citoyens la sûreté de son territoire et la paix intérieure.

Il importe, dans ce domaine en particulier, de veiller à assurer à nos forces nationales, une organisation, une formation et un équipement adaptés au défi djihadiste, c’est-à-dire des moyens à même de leur permettre de réagir avec succès contre toute agression terroriste ou non.
Évidemment, dans cette optique, le Niger a besoin de ses voisins, de tous ses voisins afin que, dans le cadre d’une mutualisation de leurs ressources, chacun d’entre eux contribue à assurer la sécurité des autres ; ensuite, seulement, recourir à la coopération des forces étrangères à notre continent, pour demander leur nécessaire contribution dans ce combat, qui les concerne aussi, dans les domaines où nos capacités communes se révèlent objectivement insuffisantes.
Je pense notamment au renseignement et aux couvertures aériennes ponctuelles indispensables à nos armées, pour se défaire d’un ennemi, que nous savons capable du pire, parce que, apte à une déroutante, continuelle et mortelle résurrection.

Corrélativement aux questions touchant à la formation professionnelle des citoyens, que nous lions naturellement à notre système éducatif global, il y a lieu de l’adapter autant aux exigences de la citoyenneté responsable, qu’il faut viser dans les programmes académiques, qu’à celles de la nécessaire adaptation de l’éducation aux réalités de l’offre de travail et de l’auto-emploi.
Aussi, ne s’agira-t-il pas pour le MODEN/FA de construire des classes en nombre incalculable, mais de mener une politique équilibrée entre les capacités de construction et le nombre d’enseignants dont le recrutement ne contrarie les exigences du budget de l’État, ni les compétences des intéressés à dispenser un enseignement qui ouvre aux enfants de véritables perspectives d’avenir.
En effet, une école de qualité est indispensable à la relève des cadres de la nation, actuellement en activité, afin que la dégradation continue du niveau scolaire, constatée d’année en année, n’hypothéque pas l’avenir de notre pays.

C’est qu’il faut reconnaître que sans ressources humaines de qualité, aucun pays, dans le monde actuel, ne peut relever avec succès les défis de l’impitoyable compétition économique opposant les nations.

Le MODEN/FA entend agir pour que le Niger, aujourd’hui méprisé en raison de son classement déshonorant en termes d’indice de développement humain (IDH), s’affranchisse définitivement de tous les handicaps qui le maintiennent à la traîne des États de la Terre.

Dans le domaine de la santé, il s’agira de construire et d’équiper, dans les délais les plus courts possibles, des centres de santé spécialisés, pour prendre en charge les maladies les plus létales qui ruinent aujourd’hui, un capital humain très précieux pour notre pays.

En effet, l’État ne peut garantir à tous, une évacuation sanitaire à l’étranger.
Or, l’égalité des citoyens en droit nous impose d’accorder, à tous les malades, des chances égales de guérison, ou à tout le moins de soin.

Cela est d’autant plus envisageable que, la santé est précisément l’un des domaines où le recours au partenariat entre le public et le privé, peut apporter au Niger les solutions les plus adaptées et les plus pertinentes aux problèmes de santé qui accablent ses populations.

Aussi, après les efforts extraordinaires consentis, pendant la Ve République, en faveur de la construction et du fonctionnement des formations sanitaires de base, est-il temps d’évoluer vers la réalisation d’institutions de santé de référence, modernes et de très grande qualité ! Partant, la spécialisation de nos médecins sera nécessaire pour accompagner ce choix, comme du reste sera nécessaire le renforcement des capacités de production et de diversification des médicaments de notre structure nationale pharmaceutique.

Cependant, nous pensons que le secteur particulier des médicaments doit rester ouvert à la concurrence, afin que des structures privées de plus grande performance s’installent dans notre pays et garantissent, sur l’ensemble du territoire, la disponibilité permanente de tous les médicaments indispensables à la santé des hommes.
 Mesdames et Messieurs,
La finalisation des documents de mise œuvre des programmes économique, social et politique du MODEN/FA sera assurée, dans le détail, dans les trois prochains mois.

Nous veillerons, à cet égard, à leur stricte adaptation aux besoins réels de nos compatriotes.
Cela signifie que notre parti n’entend pas rompre avec le réalisme et le pragmatisme qui en font sa force, mais entend plutôt concevoir des programmes réalistes et réalisables dans les délais d’un mandat sans tomber dans les confabulations chimériques des vendeurs de rêves.

 Mesdames et Messieurs,  
Notre parti, vous le savez, est né dans la difficulté et l’épreuve.
Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’il grandisse dans les contraintes multiples que la malveillance et la haine de nos adversaires de toujours placent aujourd’hui sur son chemin.
Par conséquent, nous nous devons de considérer les méchantes manœuvres de ceux-ci avec le flegme de l’homme que rien ne saurait émouvoir, et cela reste possible aussi longtemps que nous nous imposerons de demeurer ensemble, unis et solidaires !

Taisons, en tout état de cause, les conflits qui peuvent nous fragiliser à l’interne, pour partager la même résolution et le même engagement consistant à faire face, dans l’honneur et la dignité, aux agressions politiques d’un régime aussi querelleur que méchant, afin de lui imposer l’alternance qu’il appréhende avec effroi.

 Mesdames et Messieurs,  
Avant de terminer, permettez-moi de me plier à une règle de bienséance au demeurant fort agréable : celle de saluer nos invités présents à nos côtés, en ce jour exceptionnel pour notre parti. Permettez-moi surtout de les remercier très sincèrement d’avoir honoré notre congrès de leur présence témoignage d’une amitié et d’une solidarité, dont notre parti a aujourd’hui grandement besoin.

Ce sont d’abord nos amis et frères de l’ARDR, dont vous connaissez la constance dans l’amitié sincère qu’ils nous ont toujours témoignée.

C’est d’ailleurs une belle occasion de présenter au président Seyni Oumarou nos vives félicitations pour le succès, aussi éclatant qu’incontestable du congrès du MNSD-Nassara qui s’est tenu le 29 novembre dernier. Nous avons pu à cette occasion comparer celui-ci au congrès d’une dissidence aux abois, prête à tout, pour plaire au maître qu’elle s’est choisi.

Cette dissidence clame à qui veut l’entendre que les leaders de l’opposition sont finis. Peut-être, mais nous les voyons, quant à nous, sans surprise, s’acheminer inexorablement vers le crépuscule de leur destin politique.

sinon comment des hommes légitimement ambitieux peuvent-ils penser un seul instant que c’est à l’ombre du pouvoir et de ceux qui le détiennent qu’ils peuvent trouver l’aide nécessaire pour écarter de leur chemin les responsables des partis, qu’ils servaient jusqu’ a hier, afin de pouvoir gravir les marches vers le fauteuil présidentiel, dans tous les cas nous le savons, proprement inaccessible pour eux ?

Et s’ils contestent ce propos, nous les mettons au défi, de démontrer le contraire, en ayant le courage de créer leur propre parti pour se battre ouvertement et loyalement, pour s’imposer par leurs seuls talents, et non en se réfugiant à l’ombre d’un pouvoir, dont ils n’ont contribué en rien à la naissance.

Un tel pouvoir ne saurait, ne saurait, qu’être toxique aux ambitions personnelles qu’ils désirent éclore, peut-être même, au détriment de leur protecteur du moment.

Monsieur le chef de file de l’opposition, nous nous réjouissons donc du succès de votre parti, car celui-ci demeure le succès de l’ARDR tout entière.

Quant au président Mahamane Ousmane, nous lui déclarons, n’en déplaise au grand manipulateur de la République, que c’est lui le CDS.

Il l’a incarné et il l’incarnera toujours aux yeux des fidèles militants et militantes de ce grand parti.
Aucune manœuvre administrative ou judiciaire j’en suis sure ne détournera les électeurs du CDS de la légitimité que vous incarnez.

Et le jour viendra où la vérité s’imposera à tous. CDS est à l’ARDR. Il ne peut être du côté de l’imposture totalitaire et meurtrière de la vraie et saine démocratie.

Aux autres partis de l’ARDR, nos fidèles alliés, qui, en dépit des conditions difficiles auxquels ils sont confrontés, mais forts d’une conviction inflexible, et d’un engagement sans faille, dans la lutte que nous menons ensemble, pour le salut de la République en danger, je dirai simplement MERCI.
Sans l’aiguillon de votre présence au sein de notre alliance, je ne doute pas un seul instant que la démocratie nigérienne serait condamnée, puisque l’opposition parlementaire, cernée et harcelée de toutes parts par la déloyauté et la flagrance de la partialité des institutions chargées d’en défendre les principes et les règles, aurait fini par perdre toute pugnacité et toute foi dans ce combat.

Au surplus, le peuple nigérien, bien que déçu et profondément mécontent, n’oppose aux fossoyeurs de ses légitimes espérances qu’une bien timide et étique résistance.

Nous comptons donc plus que jamais sur notre alliance, et sur vous en particulier, mesdames et messieurs les leaders, pour pousser chaque jour un peu plus notre combat vers les sommets de la détermination.

Enfin, nous nous tournons vers les partis amis venus de l’étranger, dont le secrétaire à l’organisation vient de nous faire les présentations. Messieurs de l’URD, votre présence nous réchauffe le cœur.

Elle témoigne de façon vivante, que les partis africains prennent de plus en plus conscience de la nécessité d’une solidarité agissante entre eux pour espérer réussir ensemble à bâtir et à consolider la démocratie africaine. Parce que pour s’unir et s’intégrer durablement et utilement, il faut à nos pays un socle, d’organisations politiques communes.
Il est donc nécessaire qu’à travers l’intensification des échanges entre les partis, la solidarité dans des actions communes de défense des vrais principes de la liberté politique, nos partis parviennent, à terme, à construire un modèle unique de démocratie, sur tout le continent, en vue de nous en servir pour réaliser, de façon pertinente, les fondations de l’unité africaine sur le plan politique, et d’en faire émerger progressivement cette grande et puissante fédération africaine, qui émancipera enfin le continent noir.

À ce sujet, je souhaite que les Africains cessent de douter de l’avènement un jour d’une possible Afrique fédérale. Il est vrai qu’elle ne sortira pas des vaines incantations propres aux nombreux et inutiles discours à la sincérité improbable de nos dirigeants.

Pourtant, je reste convaincu qu’elle verra le jour grâce aux partis politiques évoluant, dans un contexte de démocratie, aux principes et aux règles unifiés sur le continent.

Nos partis doivent déjà en parler dans des cadres d’échange d’expériences politiques comparées, afin que notre démocratie ne soit pas réduite à un idéal sans assise, et à des pratiques disparates dont nos pays souffrent des conséquences malheureuses à la veille de chaque élection.

Nous avons mal, assurément, de devoir écouter les médias internationaux rappeler, chaque fois avec insistance, les déplorables événements qui marquent dans nos pays   jeu démocratique à la couleur locale.

Merci d’être venus et merci pour tous les sentiments positifs véhiculés par votre présence. Que Dieu le tout puissant vous comble de ses bienfaits !

Mesdames et messieurs les délégués,
Je prie Dieu le Tout-Puissant, le Miséricordieux, de nous permettre de tenir nos travaux dans la sérénité, la paix des esprits et des cœurs, afin que notre parti sorte plus fort et plus grand des épreuves de l’adversité.
Vive le MODEN/FA LUMANA-AFRICA !  
Vive l’ARDR !  
Vive l’amitié interafricaine !  
Vive le Niger !

 

MODEN/FA LUMANA-AFRICA.