Gestion de la transition au Mali : Les colonels aux abois à Bamako !  

Plongés dans un imbroglio sans précédent dans la gestion des affaires de l’Etat, particulièrement la situation sécuritaire catastrophique qui prévaut dans leur pays, les colonels maliens au pouvoir ne savent plus où donner de la tête. Embrouillés, désemparés, les colonels sont aux abois et tirent à boulets rouges sur tout ce qui bouge.

Incapables donc de lutter contre le terrorisme qui, pourtant était l’argument de taille mis en avant pour justifier le double coup d’Etat qu’ils ont fomenté pour s’emparer de la totalité du pouvoir d’Etat, les colonels Goïta et ses acolytes à la tête de l’Etat malien, totalement désabusés de la réalité du pouvoir ne savent plus où trouver le bout du tunnel dans lequel ils se sont embourbés. Dans cette vaine tentative, les colonels optent pour la diversion, à travers une campagne médiatique outrancière, faisant croire à l’édification d’un « Mali Nouveau », juste pour maintenir leurs concitoyens dans un espoir hypothèque.

Dans cette offensive de charme entreprise à l’endroit de leur peuple désorienté, les colonels « climatisés », comme certains de leurs compatriotes aiment bien les appeler, optent aussi pour le dénigrement de tout pays, qu’il soit leur voisin ou pas, ou de ses dirigeants, pourvus que ces derniers soient en déphasage avec leurs choix politiques hasardeux dans la gestion de certaines questions stratégiques, comme la lutte contre le terrorisme.

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre aisément toute cette attaque en règle (diatribes, propos discourtois, injures, diffamation, bref, toutes ces insanités) des colonels putschistes contre le Niger et ses autorités nationales, notamment le président de la République, Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum dont le seul tort, s’il en est vraiment un, est son intransigeance face à l’inconséquence de la junte au pouvoir dans la gestion de la sécurité de leur pays.

Par leur manque de vision, leur refus à s’engager résolument dans la lutte contre le terrorisme comme le Niger le fait, en mettant à la disposition de ses Forces de défense et de sécurité (FDS) des moyens subséquents, à la hauteur de la mission à elles confiée, le Mali se limite juste dans ses actions de défense à l’intérieur de certains centres urbains, laissant une grande partie de leur territoire, notamment les localités frontalières avec le Niger, sous le contrôle des jihadistes. Un manque d’engagement qui impacte durement les efforts du Niger dans la lutte contre les groupes armés terroristes. Le territoire malien devient ainsi, depuis la prise du pouvoir par Goïta et ses acolytes, le sanctuaire des terroristes à partir duquel toutes les attaques contre le Niger sont planifiées et menées.

De par cette position de maillon faible dans la lutte contre le terrorisme au Sahel qu’occupe le Mali qui a choisi de louer les services d’une société privée de sécurité (les russes de Wagner) pour combattre à leur place les terroristes, le pays ne fait que s’enfoncer, continuant à perdre des nouvelles localités qui tombent une à une sous le contrôle des groupes terroristes.

« Aujourd’hui, Ménaka est en passe d’échapper au contrôle de Bamako », attestent plusieurs analystes. « C’est très probable que le drapeau des jihadistes flotte sur Ménaka », a rencheri le président Bazoum dans une interview qu’il a recemment accordée depuis New York, à Rfi et France24.

Et ce sont ces vérités que les autorités nigériennes, au premier chef, le président de la République, Mohamed Bazoum, ne cesse de jeter à la figure des colonels maliens au pouvoir afin qu’ils se ressaisissent en conséquence et s’engager résolument dans le combat contre le terrorisme. En somme des vérités qui les irritent au point de qualifier le président Bazoum, de « non nigérien », alors qu’il a été élu démocratiquement par ses concitoyens nigériens, en février 2021, aux hautes fonctions du président de la République du Niger.

Des amères vérités qui restent au travers de la gorge des colonels maliens au pouvoir qui, depuis leur prise de pouvoir, n’ont rien fait dans le sens d’améliorer la sécurité de leurs concitoyens et de les préserver contre les atrocités qu’exercent sur eux, les groupes armés terroristes. Au lieu donc de voir la réalité en face, et tirer les conséquences de leur échec retentissant dans la lutte contre le terrorisme, non, ils se permettent d’injurier des Etats, leurs populations et leurs dirigeants comme ce fut le cas, le samedi 24 septembre dernier, à New York.

A la Tribune des Nations Unies, le Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maiga, en manque d’arguments pour justifier au peuple malien la gravité de la situation sécuritaire qui prévaut dans leur pays et l’incapacité de la junte au pouvoir à faire face, l’homme n’a trouvé mieux que de s’en prendre et de s’attaquer frontalement au président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, jusqu’à lui dénier sa nationalité.

Quelle ignominie pour les militaires au pouvoir au Mali qui se revendiquent pourtant de la stature des « panafricanistes ». En réaction à cette diatribe du Premier ministre malien par intérim qui ne fait qu’éloigner le Mali du soutien de ses voisins et partenaires dans la dure épreuve que traverse leur pays, Ahmed Newton Barry, journaliste émérite, homme politique et ancien président de la CENI du Burkina Faso, pense que « les nouveaux panafricanistes (les colonels maliens au pouvoir) ont un problème avec la logique », car selon lui, « le panafricaniste suppose que chaque africain est partout chez lui en Afrique ». A lire entre les lignes ces propos d’Abdoulaye Maiga, le journaliste Ahmed Newton dit ceci : « ce que dit en creux, le Premier ministre Maiga, c’est qu’un arabe malien ne serait pas « assez malien » pour être président au Mali ».

Dans le même ordre d’idée, l’ancien Premier ministre malien Moussa MARA a déploré, dans un communiqué, « le ton belliqueux employé vis-à-vis de certains partenaires, particulièrement ceux de notre espace sous-régional et qui risquent malheureusement de détériorer les relations de bon voisinage avec ces pays qui nous entourent », s’est-il lamenté.  Mieux, a estimé Moussa MARA dans son communiqué, « compte tenu des fragilités du Mali, illustrées par la présence à ses chevets depuis plus d’une décennie, de l’ensemble de la communauté internationale, la multiplication des frondes et l’adoption d’une posture agressive vis-à-vis de l’extérieur sont contre productives pour notre pays », s’était-il insurgé.

En tant qu’homme d’Etat responsable et averti des questions géopolitiques, Moussa MARA a exhorté la junte au pouvoir à « privilégier, en toutes circonstances, un dialogue constructif et apaisé avec tous, à recoudre les fils cassés avec nos voisins en particulier et plus généralement nos partenaires et à se focaliser davantage sur les préoccupations quotidiennes de nos concitoyens ainsi que les missions assignées par la charte de la transition ».

Au regard de tous ces fronts créés par la junte malienne avec ses pays voisins dont le Niger en première ligne, puis avec beaucoup de ses partenaires, le risque d’un nouveau isolement des colonels maliens au pouvoir est irréversible. A Goïta et ses amis au pouvoir de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard.

Oumar Issoufa

Niger Inter Hebdo du mardi 27 Septembre 2022