SEM Mahamane Ousmane, candidat du RDR Tchandji au second tour de la présidentielle du 21 février 2021

En attendant la CEDEAO : Mahamane Ousmane à contre-courant !

 

Samedi, 25 septembre 2021, la grande salle de spectacle de la Maison des Jeunes et de la Culture Diado Sékou a attendu, en vain, du monde pour écouter le candidat malheureux de l’élection présidentielle du 21 février 2021, Mahamane Ousmane et son avocat, Maître Lirwana Abdourahamane. En misant trop sur le recours à la Cour de la CEDEAO, les conférenciers du jour jouent le tout pour le tout pour leur ultime combat.

Les militants et militantes de la CAP 20-21 ont, visiblement, boudé ‘’le spectacle’’. Ils ont préféré vaquer à d’autres occupations tout comme d’ailleurs certains caciques de cette alliance entre partis politiques de l’opposition. Etait-ce parce que Hama Amadou est absent du pays ? Après tout, c’est lui le leader du Moden Fa Lumana Africa, la formation politique qui pèse le plus de poids dans cette alliance.

La grande salle étant clairsemée de militants et sympathisants, le choix s’est porté sur une autre plus petite et assez exigüe pour abriter tout le monde et faire le comble.

Le candidat déclaré vaincu par la Cour Constitutionnelle au second tour de la présidentielle de février 2021, M. Mahamane Ousmane, est arrivé avec ses fidèles lieutenants parmi lesquels ont reconnait Falké Bacharou et quelques autres leaders de certains partis politiques membres de la CAP 20-21 et alliés.

Il a pris, immédiatement, la parole après qu’une Fatiha soit dite par Kané Kadaouré Habibou président de la Synergie des Démocrates pour la République (SDR-SABUWA).

Le candidat du RDR Tchanji et ancien Président de la République du Niger a commencé par laisser entendre qu’il a le plein espoir que le verdict tant attendu sur le contentieux électoral qui l’oppose à Mohamed Bazoum, le candidat proclamé vainqueur de la dernière élection présidentielle et qui, depuis le 2 avril 2021, a été investi comme Président de la République du Niger par la Cour Constitutionnelle, sera en sa faveur.

Il a indiqué que c’est dans le but d’informer ‘’l’opinion nationale et internationale’’ sur l’avancement de ce dossier auprès de cette cour que lui et son avocat ont organisé la présente conférence de presse.

‘’Des vols et des violations’’ sont des mots qui ont été souvent prononcés par le candidat malheureux et son avocat dans la lecture qu’ils font des élections de février 2021.

Nonobstant ces ‘’vols et violations’’, le peuple aurait choisi le candidat Mahamane Ousmane pour présider aux destinées du pays avec, selon les estimations de ce dernier, 50,33% des suffrages. Ces suffrages, son avocat les a revus à la hausse, selon un savant calcul, à plus de 55%.

Cette contestation de la victoire de Mohamed Bazoum au profit de Mahamane Ousmane a fait sortir les militants de la CAP 20-21 dans les rues dès l’annonce des résultats par la CENI le 23 février 2021 avec tant de violence que beaucoup de biens publics et privés ont été saccagés et brûlés.

Cet épisode sombre de l’histoire politique du Niger a été émaillé, aussi, par la mort de 2 personnes et l’arrestation de plusieurs leaders des partis politiques de l’opposition et des dizaines de militants.

Une tentative de coup d’Etat a même été repoussée et déjouée par l’Armée Nigérienne à 48 heures de l’investiture du Président élu Mohamed Bazoum.

Cette tentative de coup d’Etat, la 3ème du genre en une décennie, si elle avait réussi, aurait remis en cause tous les efforts du Président sortant Issoufou Mahamadou à remettre de manière pacifique le pouvoir à un président élu et éberlué toute la communauté internationale.

Mahamane Ousmane a affirmé, pendant sa conférence de presse, ne pas être du genre mauvais perdant. « J’ai toujours été légaliste, mais j’ai toujours été résistant à l’injustice, aux violations de droits, aux violations des libertés individuelles et collectives ».

Il a expliqué que son recours à la justice de la CEDEAO pour le règlement judiciaire du contentieux électoral est légitime et fondé.

D’après lui, « les citoyens nigériens ont été appelés à exercer leur droit, les observateurs nationaux et internationaux ont observé et constaté la manière par laquelle ces élections se sont déroulées ».

Intervenant à son tour, son avocat, Me Lirwana Abdourahamane, a précisé que son client est le premier homme politique nigérien à saisir les juridictions  internationales pour résoudre un contentieux électoral.

Pour Lirwana, le statut de l’opposition politique a été « bafoué » pendant les deux mandats du Président Issoufou. Elle a été écartée tout au long du processus électoral nigérien, de l’élaboration du fichier électoral à la révision des textes électoraux en passant par la nomination et la désignation des membres de la CENI.

L’avocat compte sur l’annulation par la Cour de Justice de la CEDEAO de 5154 procès-verbaux incorrects qui ont été envoyés à la Cour constitutionnelle à l’issue de la dernière présidentielle afin que Mahamane Ousmane soit déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de 2021.

Très sûr de son coup, il a affirmé que « si la Cour se prononce et annule ces procès verbaux, le candidat Mahamane Ousmane est gagnant des élections, loin des chiffres qui ont été donnés par la CENI ».

Cette annulation ferait perdre à Mohamed Bazoum 900.000 voix alors que son client, Mahamane Ousmane, n’en perdrait qu’à peu près 100.000.

Me Lirwana a dit être convaincu « que la Cour va prononcer des sanctions sur les violations et sur les discriminations ».

Tout comme son client, Mahamane Ousmane, il a appelé les nigériens à être prêts à la lutte pour arracher la victoire des mains des autorités actuelles dès l’énoncé du verdict de la Cour de Justice de la CEDEAO en leur faveur.

D’après lui, cette victoire n’est pas celle du candidat du RDR Tchandji ou de la CAP 20-21 mais celle de tous les nigériens.

Ce qui reste en droite ligne avec la déclaration de Nafarko en date du 22 mars 2021, déclaration au cours de laquelle on l’a entendu appeler les « parlementaires de la coalition CAP 20-21, ACC, FRC et Alliés de s’abstenir à participer à la cérémonie d’installation du parlement de ce lundi 22 mars 2021, le peuple nigérien souverain, sans délai, de se mobiliser, comme un seul homme, dans la fraternité et la cohésion nationale pour défendre sa souveraineté à travers une marche démocratique, pacifique sur l’ensemble du territoire national et faire échec par tous les moyens de droit à cette tentative d’usurpation du pouvoir, le corps diplomatique accrédité dans notre pays, de soutenir la lutte du peuple nigérien meurtri, en vue du triomphe de la vérité, de la démocratie, de la république, pour la paix et la sécurité au Niger et dans la sous-région, les corps constitués et aux Forces de défense et de sécurité de soutenir la lutte du peuple nigérien et de n’obéir à aucun ordre manifestement illégal et de surcroit, donné, par une autorité elle-même illégale et illégitime ».

Au regard de tout ce qui précède, tout laisse à croire que la cause ici défendue par l’avocat et son client est irrémédiablement perdue. L’investiture du président par eux contestée a eu lieu, le temps est passé, des actes concrets de gouvernance démocratique sont en train d’être posés et le pays est en marche pour son développement. Le monde entier est que Mahamane Ousmane a franchi le Rubicon. L’ancien Président de la République avance à contre-courant de l’Histoire. Quelle triste fin d’un ringard !

Bassirou Baki Edir

Niger Inter Hebdo N°38

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